un film d’horreur de David R. Ellis
avec Samuel L. Jackson, Julianna Margulies et Nathan Philips.
États-Unis, 105 minute.
Lorsqu’un gangster sadique, dans le but d’éliminer un témoin gênant, libère des serpents dans un avion de ligne, l’agent du FBI chargé de sa protection doit sauver les passagers et les membres de l’équipage.
Les serpents goûtent-ils le navet? Non, ils goûtent plutôt la pomme. Pour l’apprécier, il faut, comme Ève, refuser d’écouter la voix de la raison et croquer à pleine dents dans le fruit défendu. Les spectateurs réunis à la première de Serpents à bord en firent autant. Ainsi, Serpents à bord est devenu, dès la fin de sa première représentation, un film culte.
Déjà, avant son début, les spectateurs connaissaient les deux plus grandes qualités du film: son titre et sa vedette. Rarement un titre aura été aussi clair, précis et, surtout, évocateur. Peut-être que Souvenirs de Brokeback Mountain aurait créé un émoi encore plus grand si il s’était nommé: Deux beaux cowboys gais. Quant à Samuel L. Jackson, le public le vénère depuis son rôle iconique de Jules Winfield dans Pulp Fiction. Dans Serpents à bord, il joue la démesure au point de faire de son personnage d’imperturbable agent du FBI, non pas un cliché mais bien une caricature. D’ailleurs, le reste des passagers et membres de l’équipage, qu’ils s’agissent d’un séduisant rapper égocentrique, d’une riche jeune femme avec un chiwawa, d’un kick boxer asiatique, d’un agent de bord efféminé ou d’une sexy hôtesse de l’air blonde, constitue, eux aussi, une bande de clichés.
Toutefois, le film ne s’appelle pas des Gens à bord, mais bien Serpents à bord. Des serpents, il y en a des centaines. Les trucages, réalisés en partie grâce au travail d’artisans de chez-nous (la firme Hybride), impressionnent tant par leur fluidité que par leur réalisme. Les serpents attaquent vicieusement et causent des blessures répugnantes. Les amateurs de gore apprécieront tandis que les coeurs sensibles regarderont le creux de leurs mains ou l’intérieur de leurs paupières.
Plusieurs s’inquiètent quant à la pertinence d’un tel film. Rassurez-vous, Serpents à bord possèdent des qualités didactiques importantes. Les arts narratifs, dont le cinéma fait partie, servent à explorer, dans le laboratoire que représente le récit, différentes émotions, différentes possibilités ou différentes situations. Dans Serpents à bord, on apprend qu’il faut toujours accepter un plan de pré-retraite si on vous le propose. On apprend aussi qu’il ne faut surtout pas fumer de joint ou faire l’amour quand il y a des Serpents à bord d’un avion. De plus, on illustre que si on manque de respect envers les autres, il faut s’excuser sinon on sera écrasé par un boa constricteur.
S’ajoutent aux personnages clichés et aux conventions du genre, des répliques savoureuses et des plans subjectifs loufoques qui nous mettent dans la peau des serpents. Heureusement, le ridicule ne tue pas. Si c’était le cas, on retrouverait, dans les prochains jours, des centaines de cadavres souriants dans les salles de cinéma.