Un film de Charles Binamé, avec Roy Dupuis, Julie Lebreton et quelques joueurs de hockey, canada, 120 min, 2005.
Maurice Richard, de Charles Binamé, est, dans mon livre à moi, un chef d’oeuvre (donc, achetez le ici). De tous les films de hockey, le film se démarque comme le faisait jadis le hockeyeur.
Dans le rôle principal, le choix de Roy Dupuis (Screamers) s’imposait. En plus de lui ressembler et d’avoir beaucoup d’expérience dans le rôle (il l’a déjà interprété dans un épisode de La minute du patrimoine et dans une série télé que personne n’a jamais vue et produite par l’argent des scandaleuses commandites fédérales), Dupuis sait patiner et manier la rondelle. Son personnage en est un de peu de mots. Sa timidité et son humilité l’entraînent à intérioriser ses émotions. Dupuis arrive à bien rendre cette facette du héros réticent.
Dans le rôle de sa femme, Julie Lebreton (Dans l’oeil du chat) interprète avec aisance l’inquiétude et la frustration de voir son mari être considéré l’homme à abattre de la LNH, en raison de son talent exceptionnel et de sa langue de Molière. Toutefois, la chimie entre les deux personnages n’opère pas. La faute ne peut être imputée à Lebreton. Après tout, la dernière collaboration de Roy Dupuis et Charles Binamé, Séraphin, souffrait du même problème.
Le scénariste Ken Scott (La grande séduction) propose que la fougue de Richard sur la glace a pour origine sa colère contre l’oppression dont ses pairs et lui-même étaient victimes. Plus on tentait de le blesser ou plus il était insulté par le coach Dick Irwin, mieux le Rocket jouait. Les conséquences de ce comportement autodestructeur se manifestent clairement au cours d’une scène où Maurice fond en larmes dans la chambre des joueurs après avoir compté le but gagnant à son retour d’une visite à l’infirmerie provoquée par un coup salaud d’un adversaire. Le scénario de Scott n’est cependant pas sans faute. Les répliques des personnages sonnent trop littéraires et la famille de Maurice, notamment Henri « the Pocket Rocket » Richard est totalement ignorée. Scott et Binamé se réservent-ils du matériel pour une suite éventuelle?
Parlant de Binamé, il démontre sa compétence derrière la caméra. On en attend pas moins d’un réalisateur aussi talentueux et expérimenté. Tous les plans apparaissent soigneusement calculés. On sent, derrière chacune des scènes, le découpage technique. Par conséquent, le spectateur attentif se sentira manipulé. Une telle démarche, même s’il s’agit d’une approche qu’il préconise déjà depuis de nombreuses années, étonne provenant du réalisateur d’El Dorado.
En ce qui concerne les suppléments présents sur le disque, le terme insuffisant suffit pour les décrire. On ne retrouve qu’une bande annonce d’une minute et un vidéo « Hommage à Maurice Richard ». À vrai dire, ce vidéo n’est pas tant un hommage au hockeyeur qu’un « making of » publicitaire du film préparé pour la télé. On ne retrouve ni piste sonore avec les commentaires du réalisateur ni images d’archives du réalisateur, ni entrevues avec les joueurs de la présente édition des Habs. Décevant.
À la fin de la partie, pour les passionnés de fictions biographiques, les fans de hockey ou les amateurs de films grands publics, Maurice Richard lance et compte. Pour les cinéphiles pointus qui n’aiment pas se faire contrôler par le cinéaste, le Rocket frappe le poteau de plein fouet.
Maurice Richard
Avant dernière ligne, on dit PAR le cinéaste et non PAS le cinéaste!
Sinon, je pense bien que je vais aller le louer en fin de semaine, merci!!
Maurice Richard
Merci pour le commentaire, je corrige la faute de frappe à l’instant…