Babel

Un film de Alejandro Gonzales Innaritu, avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Gael Garcia Bernal, État-Unis et Mexique, 2006, 220 min.


Avec Amores Perros et 21 Grams, le réalisateur Alejandro Gonzalez Inarritu et le scénariste Guillermo Arriaga ont défini leur style. Ils privilégient, dans le même film, la juxtaposition de différents drames inter-reliés. Babel, leur dernier opus, ne diverge pas de la formule qui les a fait connaître.

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Trois histoires, trois continents, trois familles. Si l’on résume les trois récits en une seule phrase, on obtient quelque chose de ridicule comme: l’arme donnée par un chasseur japonais, dont la femme s’est suicidé et la fille, sourde muette, découvre sa sexualité (en termes plus justes et plus anglais: very horny), à un guide de chasse marocain est utilisée pour protéger un troupeau de chèvres par deux enfants bergers qui, en testant la portée du fusil, tirent sur un autobus bondé de touristes et blessent grièvement une américaine qui, en raison des traitements médicaux qui permettront peut-être de lui sauver la vie, ne peut regagner son domicile et s’occuper de ses enfants ce qui force sa nounou mexicaine (clandestine, bien sûr) à risquer sa vie et celles de ses protégés en traversant la frontière pour assister au mariage de son fils.

En restructurant le tout en trois histoires distinctes, Inarritu en souligne les points communs. Chaque histoire met en scène des enfants, chaque histoire contient des conflits linguistiques, chaque histoire nous présente des personnages rongés par les remords et repentants. Le simple message qui se dégage de ce méli-mélo mélodramatique transparaît peu subtilement: malgré nos différences culturelles, tous les humains sont sujets aux mêmes émotions.

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À certains moments du film, on dirait que le réalisateur, las de son message un peu facile, se lance des défis. Arrivera-t-il à nous attendrir sur le sort d’un enfant qui en plus de se masturber en pensant à sa soeur, tire à la carabine sur des policiers et des innocents? Réussira-t-il à rendre romantique une scène où un mari aide sa femme blessée à pisser dans une bassine?

Malgré tout, un gros bravo aux monteurs Douglas Crise et Stephen Mirrione qui en plus de jouer avec la temporalité en passant d’une histoire à l’autre, savent aussi la brouiller dans une même scène (ex. le mariage). Le réalisateur se mérite aussi des éloges pour son excellente direction d’acteur. Que les acteurs communiquent en anglais, espagnol, arabe ou avec le langage des signes, qu’ils soient connus à travers le monde comme Brad Pitt ou d’illustres inconnus comme Boubker Ait El Caid (l’enfant qui tire aussi bien que Lee Van Cleef), ils parviennent tous à exprimer avec justesse leurs émotions.

Babel ne s’écroule pas comme la tour du même nom. Son message universel est aussi simple qu’important. Pour cette raison, et pour voir une poule se faire décapiter à mains nues, il faut absolument visionner ce film.