un film de Philip Noyce,
avec Tim Robbins et Derek Luke,
Angleterre, Amérique du Sud, États-Unis, 2006, 101 min.
Afrique du Sud, 1980, l’apartheid divise toujours la population. D’un côté, trois millions de blancs privilégiés, de l’autre trente millions de noirs sans pouvoir politique. D’un côté, Nic Vos (Tim Robbins de The Shawshank Redemption) un agent du contre-terrorisme luttant pour préserver le statu quo et protéger sa famille. De l’autre, Patrick Chamusso (Derek Luke de Antwone Fisher), un contre-maître accusé injustement de terrorisme. Après des jours de torture dignes de la prison d’Abhou-Grahib, les autorités relâchent Patrick puisque son innocence ne fait aucun doute. Toutefois, la victime deviendra le bourreau quand Patrick rejoindra les forces des combattants de la liberté.
Catch a Fire, de Philip Noyce le réalisateur de Patriot Games, se démarque de la production cinématographique américaine par la pertinence de son propos et l’assurance de sa réalisation. Aujourd’hui plus que jamais, les thèmes d’oppression et de résistance armée s’avèrent important. En situant le conflit dramatique du film au niveau personnel plutôt que politique, le réalisateur soutient l’universalité du récit. Il pourrait avoir eu lieu en Palestine, en Iraq ou en Chine. Plus spécifiquement, Noyce montre que même si les choix de Patrick nuisent, à court terme, à sa famille ils visent, à long terme, la libération de sa famille du joug des blancs. Il montre aussi que les actions violentes entreprises par le héros ne sont pas nécessairement justifiées par un désir d’équité mais bien par une soif de vengeance.
D’un point de vue technique, le film évite d’être tape-à-l’oeil. La direction photo de Ron Fortunato est excellente, surtout dans les plans d’ensemble des townships. Le montage de Jill Blicock est serré, aucune longueur ne ralentit le film. Quant à Noyce, il excelle lorsque vient le temps de créer des scènes de suspense. Tous les éléments qu’il supervise, photo, montage, musique, direction d’acteur, s’agencent pour créer efficacement de la tension.
Même si le film traite de points pertinents, on ne peut pas en vanter l’originalité, ni au niveau de la forme, ni au niveau du contenu. Même que la biographie de Patrick Chamusso se prêterait peut-être mieux à la forme du cinéma documentaire qu’à la forme du cinéma narratif. Noyce semble conscient de cette situation puisqu’il termine son film sur une entrevue accordée par le vrai Patrick Chamusso. Dans l’ensemble, Catch a Fire s’impose comme un très bon film. Son histoire mérite d’être racontée et d’être visionnée.