La tourneuse de pages, un film de Denis Dercourt avec Catherine Frot, Déborah François et Pascal Greggory, France, 2006, 1h25
Premièrement, comme titre accrocheur, on repassera. Pour le reste, Denis Dercourt nous raconte une simple histoire de vengeance. Mélanie (Déborah François), une pianiste douée, abandonne sa passion pour la musique lorsqu’elle se fait snober par Ariane, une pianiste concertiste (C. Frot), lors d’un concours. Quelques années plus tard, leurs destins se croisent de nouveau alors que Mélanie est engagée pour garder le fils d’Ariane. Les pièces sont placées pour une histoire de vengeance qui carbure à l’oestrogène.
C’est bien connu, lorsqu’une fille entretient de la rancoeur, elle ne confrontera pas directement l’objet de sa colère. Plutôt que de régler des différents à coups de poings, les filles agissent de façon plus mesquines, plus hypocrites et plus sophistiquées. À cet égard, La tourneuse de pages s’avère très intéressant.
Tous les gestes, toutes ses paroles voire tous les regards de Mélanie font partie d’une partition de la vengeance. Malheureusement, la mélodie n’est guère entraînante. Même si le film ne dure que 90 minutes, il semble 30 minutes trop long.
Les deux actrices principales excellent dans leur rôle. L’une est l’envers de l’autre. Déborah François joue la vulnérabilité pour masquer son assurance et gagner la confiance d’Ariane. Quant à Frot, derrière ses apparences calmes et froides se cache une grande fragilité.
Bref, le film ne possède qu’un gros problème, son métronome est réglé à une cadence trop lente.
La tourneuse de pages
Monsieur, le mystère demeure. Pourquoi écrivez-vous donc un autre texte insignifiant sur un film dont la subtilité et l’intelligence vous échappent complètement ? Que faisiez-vous assis devant ce bijou de film pour pondre des commentaires aussi triviaux et risibles ? Voilà une oeuvre cuisinée avec grand soin qui éblouit par la mutiplicité de ses avenues herméneutiques ! Voilà du cinéma solide, voilà une narration aux niveaux variés et passionnants, voilà des comédiens dirigés magistralement, voilà un montage redoutablement efficace, voilà une trame musicale envahissante, inquiète et habile ! Voilà un film à des années-lumière des lieux communs hollywoodiens et du bobotage stérile de trop de films québécois ! Ce film est-il trop long ? Oh non ! Il était trop court ! J’aurais aimé qu’on me serve plus longtemps de ces délices quasiment intolérables.
La tourneuse de pages
Comme toujours, j’apprécie l’opinion opposée d’un lecteur enthousiaste (à juger par la ponctuation dynamique). Étrangement, nos opinions ne diffèrent pas tant que ça. Vous soutenez: « J’aurais aimé qu’on me serve plus longtemps de ces délices quasiment intolérables. ». De mon côté, j’aurais préféré qu’on me serve plus de ces délices en 90 minutes.
Aussi, qu’un film se veule différent des productions américaines ou québécoises ne constitue pas d’emblée une qualité. Maintenir le contraire dénote une fermeture d’esprit.
Toujours est-il que je tiens à vous conseiller un autre DVD dans la même veine que le sujet de cette critique, Entre ses mains de Anne Fontaine avec Isabelle Carré et Bruno Poelvoorde. Je l’ai trouvé sans intérêt, vous en rafolerez.
Sans rancune.