Tetsuo the Iron Man

Un film de Shinya Tsukamoto, avec Tomorowo Taguchi et Kei Fujiwara. Japon, 1988, 67 min.


Lorsqu’un film débute en présentant un homme qui se tranche la cuisse avec un couteau avant d’y insérer une tige métallique rouillée, les chances sont bonnes pour que le réalisateur soit japonais. Pourquoi? Parce qu’ils sont fous, ces japonais!

La suite des péripéties étonne tout autant. Lorsque l’automutilé vérifie sa plaie et réalise que des vers y habitent, il panique et court dans la rue. Un automobiliste, notre personnage principal, le happe au passage. Le conducteur, se comportant en citoyen modèle, décide de ne pas déranger les autorités avec un problème aussi banal et entreprend d’enterrer, avec l’aide de sa passagère adorée, le corps dans une forêt. Mais Tetsuo ne meurt pas, il mue. Il se transforme en créature mi-organique, mi métallique. Pire encore, sa condition est contagieuse, au grand dam de l’automobiliste.

Le réalisateur trace habilement, à travers son intrigue abracadabrante, le constat suivant : la technologie est, à l’échelle de l’humanité, une maladie incurable qui transforme les animaux que nous sommes en bêtes de plus en plus mutantes.

Le croisement organique/mécanique présent dans la narration se retrouve aussi dans la forme du film. Shinya Tsukamoto, le réalisateur, filme dans un 16mm, noir et blanc, très organique. Il insère toutefois des images tournées en vidéo et de nombreux trucages visuels peu subtils qui donnent un aspect artificiel, voire inorganique, au film.

Malgré tout, Tetsuo se démarque des autres films, non pas grâce à son intéressant message sous-jacent, mais plutôt par son exubérance. Obtenir un classement de dix-huit ans et plus avec très peu de nudité, faut le faire. Et Tsukamoto le fait en offrant un pénis muté en foreuse, du sang à la chaudière et beaucoup de violence très graphique. Tsukamoto ne suggère rien, il montre tout.

Court, rapide, très énergique et se terminant comme un jeu vidéo avec la mention «  game over  », Tetsuo se veut le film idéal pour les victimes de déficits d’attention. C’est comme Eraserhead, mais branché sur le 220v.