Idiocracy

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Idiocracy, un film de Mike Judge, avec Luke Wilson, Terry Crews et MAya Rudolph, États-Unis, 2006, 90 min.


À force de se reproduire comme des lapins, les Américains les moins éduqués (voire les moins intelligents) entraîneront dans le futur un épouvantable abrutissement de la population des US de A. La situation sera si grave que le mec le plus ordinaire de notre époque, s’il se réveillait 500 ans plus tard, deviendrait le plus brillant esprit du pays.

Tel est le constat de départ de la désopilante comédie dystopique de Mike Judge. Le créateur de Beavis and Butthead, King of the Hill et Office Space emprunte la forme de la science-fiction d’anticipation pour tourner en dérision certaines tendances inquiétantes de nos voisins du sud.

Imaginez si la politique continuait à se rapprocher du spectacle. Serait-il étonnant de retrouver comme président des États-Unis un ancien champion de lutte professionnelle qui s’adresse à la chambre des représentants en chantant et en portant un costume semblable à celui d’Apollo Creed dans Rocky IV. Imaginez un monde où un docteur explique ainsi son diagnostique à son patient: ton problème c’est que tu parles comme une tapette. Imaginez un procureur de la couronne qui expose ainsi son plaidoyer: si j’étais Juge, je taperais avec mon marteau et je dirais coupable.

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Pour Joe Bauers, le patient et l’accusé, ce monde est un véritable cauchemar. Pour nous, c’est le lieu d’une franche rigolade. Luke Wilson interprète sans effort ce pauvre type qui se retrouve 500 ans dans le futur après une expérience de l’armée qui a mal tournée. L’accompagnera dans son périple dans le temps Rita, une jeune femme porteuse d’un lourd secret qui n’en est un pour personne d’autre que le héros. Terry Crews, dans le rôle du président Camacho, exploite bien le potentiel humoristique de son ridicule personnage. Il faut le voir couper la parole à ses détracteurs d’une salve de mitraillette.

L’humour franchement provocateur du film a sans doutes offusqué les distributeurs du film qui l’ont lancé dans les salles les plus perdues du continent avant de le placer, sans tambour ni trompette, sur les tablettes des clubs vidéos. On dit même que le studio aurait coupé les vivres aux cinéastes durant la post-production et que la boîte Troublemaker de Robert (Sin City) Rodriguez aurait terminé gratuitement et plutôt efficacement (on pense en particulier à la grande avalanche d’ordure de 2505) les effets spéciaux du film.

Ça explique pourquoi personne ne connaît ce film. Pour paraphraser les pubs de cigarettes du futur: regardez Idiocracy ou allez vous faire foutre.