Borat, un film de Larry Charles, avec Sasha Baron Cohen et Ken Davitian, États-Unis, 84 min.
Dans le but de s’inspirer des politiques du meilleur pays du monde, Borat, un reporter Kazakh, visite les États-Unis et interroge ses habitants. Grâce à un habile mélange de préparation et d’improvisation, Borat parvient à nous montrer le meilleur de l’Amérique (on pense à un instructeur de conduite des plus patient) ainsi que le pire (on pense aux jeunes étudiants fils de riches pro-esclavagistes).
Sacha Baron Cohen, l’humoriste responsable du Ali G Show, joue un immense coup pendable aux Américains. En se faisant passer pour un Kazakh aux moeurs rustiques il confronte les intervenants qu’il rencontre à l’homophobie, la xénophobie et la mysogénie et laisse au spectateur le soin de juger de leur réaction.
Certains, comme les membres de l’académie qui accordèrent une nomination aux Oscars à l’humoriste pour son scénario, maintiennent que sa démarche tient du génie et que son film représente une expérience des plus enrichissante. D’autres, sans doute plus lucide, souligneront que ce cinéma de demi-vérité manque de sérieux et surtout, de respect. En effet, même si le cinéaste ne cherche pas à ridiculiser directement ses intervenants, qu’il cherche plutôt à les amener à se couvrir d’eux-même de ridicule, le résultat demeure inchangé, ils en sortent malgré tout humiliés.
Toujours est-il que le but premier de l’exercice, n’en déplaise aux sociologues ou aux moralistes, est de faire rire le public. À cet égard, Borat atteint de plein fouet la rate. Comment rester de glace devant un combat de lutte entre un producteur verreux, obèse et nu et Borat (lui aussi nu) qui se termine par une prise de soumission qu’on pourrait nommer « sandwich fessial »? Comment ne pas rire quand Borat, après avoir suivi les cours d’attitude d’une bande de jeunes noirs, arrive dans un hôtel de luxe, les pantalons plus bas que les sous-vêtements, en expliquant qu’il a besoin d’une chambre pour culs noirs, aucune pute, juste deux pimps.
Le DVD contient bien peu de matériel supplémentaire: un bref montage des meilleurs moments de la tournée publicitaire du film, une publicité pour la trame sonore du film (avec des belles guitares pianos) ainsi que des scènes coupées au montage assez rigolotes. D’ailleurs, la troisième doit être vue par tous les vaillants représentants du service à la clientèle. Imaginez votre pire cauchemar se concrétiser. Pour une location, ces suppléments suffisent. Toutefois, pour un achat, je vous conseille d’attendre une édition plus spéciale de ce film.
En somme, on accorde à Borat un bon high five. Comme il faut parfois écouter son coeur, il faut aussi écouter sa rate. Bien qu’on doute sincèrement de la valeur artistique de la démarche de Sacha Baron Cohen on ne peut nier que Borat provoque l’hilarité.