Un documentaire de Catherine Martin, Québec, 2006, 84 min.
Les films de Catherine Martin possèdent invariablement un rythme lent. Cette monteuse d’expérience accorde une importance capitale au passage du temps. Ainsi, rien d’étonnant à ce qu’elle en fasse la préoccupation principale de son plus récent documentaire.
Il y a de cela trente ans, le renommé photographe Gabor Szilasi parcourait la région de Charlevoix dans le but d’immortaliser par ses clichés un monde rural en proie à la modernité. Catherine Martin suit ses traces et compare les sujets de ses photos aux images qu’elle capture avec sa caméra.
Dès la première séquence, où l’on voit le photographe opérer son appareil antique, on comprend que le passage du temps a définitivement affecté les outils à la disposition des artistes. Seront comparés, l’une à la suite de l’autre, des photos noir et blanc d’il y a trente ans à des plans en couleurs de l’an passé. Ce qui transparaît de la juxtaposition des clichés, c’est le vieillissement de la population rurale. Jadis, de dynamiques et vaillants fermiers colonisaient la région. De jeunes gens s’appropriaient les terrains et en exploitaient les terres. Maintenant, seuls des retraités s’y établissent. Autre chose, la religion a perdu beaucoup de galon. Dans les salons, les télévisions semblent avoir remplacé les crucifix.
Le rythme lent de cette oeuvre correspond parfaitement bien à son propos. La direction photo du film s’élève à la hauteur du travail de Gabor Szilasi. Catherine Martin gagne la confiance des intervenants et ces derniers se prêtent volontiers au jeu. Ils sont tous nostalgiques et intéressés à raconter des anecdotes sur le bon vieux temps. Prenons l’exemple de ces amateurs de course automobile de St-Urbain qui assistaient à des épreuves sur un anneau de terre battue bourrée de cailloux. Ils expliquent en riant qu’il n’y avait ni policier ni ambulancier sur les lieux et que c’est étonnant que personne ne se soit blessé sérieusement.
Malgré tout, la beauté des paysages et des demeures anciennes a survécu au temps. Invitez au cinéma vos petits-enfants ou grands-parents, selon votre âge, ce film se veut un pont, ou plutôt un traversier, entre les générations.