If they let us

Ils proviennent de différents pays: Ukraine, Ghana, États-Unis, Vénézuela. Ils ont émigrés pour différentes raisons: le goût de l’aventure, le chômage, le dégoût de ses pairs, le besoin de dépaysement. Ils ont deux points en commun: ils résident, sans papiers, en Espagne et expriment leur mécontentement devant la caméra de Ana Torres.


La réalisatrice, comme les sujets de son film, vit illégalement dans la péninsule ibérique. À travers des entrevues avec des immigrants sans papiers, mais aussi avec des passants espagnols, elle met en lumière une certaine paranoïa qui existe dans ce pays vis-à-vis l’immigration. Ainsi, on apprend, sans grande surprise, que les étrangers provenant de pays riche, tels les États-Unis, sont accueillis à bras ouverts tandis que ceux qui arrivent de pays pauvres comme le Ghana sont marginalisés. Vivant dans des conditions difficiles, avec la peur incessante d’être arrêtés et déportés, ces malheureux s’accrochent au rêve européen et ne veulent surtout pas rentrer dans leur pays où la vie, bien qu’on l’imagine difficilement, est encore plus misérable.

La réalisatrice filme ses démarches effectuées pour obtenir un emploi au noir ou acquérir les papiers nécessaires pour travailler légalement en Espagne. Il apparaît évident que les institutions font tout en leur pouvoir pour décourager l’immigration. Les procédures administratives ressemblent à s’y méprendre à l’épreuve de la maison qui rend fou dans les 12 travaux d’Astérix. Quand au travail au noir, les employeurs l’apprécient puisqu’il leur permet d’économiser des sommes substantielles en salaire et impôt.

La forme nerveuse du documentaire compense pour son absence de moyen. En effet, les images semblent filmées avec la caméra la moins dispendieuse disponible chez Wal-Mart et le son est pire encore. Par contre, plusieurs plans importants ont été captées grâce à la maniabilité d’un petit appareil, notamment ceux saisis dans les méandres labyrinthiques des ministères accordant l’obtention des précieux papiers. Aussi, les outils modestes de la réalisatrice n’intimident pas les intervenants qui se confient candidement. L’ensemble est monté avec précision et dynamisme, ce qui ne laisse aucune place à l’ennui.

Pour en apprendre plus sur les conditions de vie des immigrants illégaux en Europe, visionnez If They Let Us. Le titre provient d’un chanson d’amour beuglée par l’un des sujets du film. Les sans-papiers ne demandent qu’à contribuer à la société du pays que leur coeur a choisi, pourquoi ne pas les laisser faire?