Un film de Coline Serreau, avec Nicolas Cazalé, Muriel Robin et Pascal Légitimus, France, 2005, 118 minutes.
8 individus, très différents les uns des autres, prennent ensemble la route de St-Jacques-de-Compostelle. Il y a d’abord le guide (Pascal Légitimus) fait cocu pendant qu’il chemine avec ses pèlerins, puis un alcoolique (Jean-Pierre Darroussin), un workaolique (Artus de Penguern) et une enseignante désagréable (Muriel Robin) qui effectuent le trajet pour remplir une condition incluse dans le testament de leur riche et défunte mère. S’ajoute au groupe une femme en rémission d’un cancer, deux étudiantes qui se lancent à l’aventure pour célébrer l’obtention de leur diplôme, Nicolas Cazalé (qui après Le Grand Voyage effectue ici un petit voyage), un beur, qui se joint à la marche pour se rapprocher de la copine de classe dont il est amoureux et son cousin à la limite de la déficience intellectuelle qui pense qu’il fait route vers la Mecque. D’où le titre: St-Jacques… La Mecque.
Avec une galerie de personnages aussi colorés, des circonstances aussi forcées et la présence derrière la caméra de Coline Serreau (Trois hommes et un couffin), vous seriez en droit de vous attendre à une comédie loufoque, n’est-ce pas?
Faux. Malgré quelques passages humoristiques, plus le film avance plus son ton devient résolument dramatique. La fin, tragique, vient clore un lourd exposé sur la mort, la vie et la famille. En soit, il ne s’agit pas d’une faiblesse. Toutefois, l’exécution du drame et ses prémisses improbables le rendent désagréable.
Un pèlerinage représente une quête religieuse. Or, Coline Serreau, par la bouche de ses acteurs, notamment Nicolas Cazalé, place le christianisme et la religion musulmane dans le même panier. De la même façon, à travers maintes répliques de Muriel Robin, elle prend radicalement position contre le catholicisme. Nul besoin de faire une règle de trois pour comprendre que, aux yeux de la réalisatrice, toutes les religions sont également inutiles.
Ça ne veut pas dire pour autant que la réalisatrice nie toute spiritualité. Elle permet à ses personnages d’accéder à un niveau supérieur de compréhension à travers leur rêves. Malheureusement, ces scènes oniriques souffrent de leur symbolisme trop peu subtil. N’est pas David Lynch qui veut.
Le tournage en numérique a permis de saisir sur le vif des images à couper le souffle de la route de Compostelle. Si le film parvient à donner le goût d’arpenter le chemin et de s’émerveiller des espaces fantastiques rencontrés en chemin, il décourage de le faire avec Coline Serreau.