Un film d’horreur de Jim Mickle avec des inconnus nommés Nick Damici, Jim Blair et Ron Brice. États-Unis, 2007, 85 minutes.
Le cinéma d’horreur, depuis les années 50 (Invasion of the Body Snatchers et cie), a souvent servi de plate-forme pour commenter l’actualité de façon allégorique. Parmi les plus illustres tenants de cette pratique, on note George Romero, David Cronenberg et John Carpenter. Jim Mickle a bien l’intention d’ajouter son nom à cette liste avec son Mulberry Street.
À New-York, une épidémie hors du commun se propage à une vitesse exponentielle. Des rongeurs contaminés mordent des passants et les transforment en hommes-rats enragés. Sans pouvoir compter sur l’appui des autorités lentes à réagir, les résidents d’un bloc appartement ne peuvent se fier que sur leurs voisins et eux-mêmes pour ne pas devenir des rats-garous.
Imaginé en réponse au sentiment d’abandon ressenti par les citoyens de Manhattan dans les jours qui ont suivi les attentats perpétrés contre le World Trade Center, Mulberry Street concentre son attention sur les résidents assiégés plutôt que sur les actions prises par les forces gouvernementales. À ce niveau, l’observation proposée par Mickle colle aussi bien à l’inondation de la Nouvelles-Orléans qu’à ces jours poussiéreux de septembre 2001.
Malgré ces nobles intentions, le film échoue à un niveau où il n’a pas droit à l’erreur: l’horreur. Chaque scène d’épouvante se déroule identiquement; les héros se cachent des vermines géantes puis font malencontreusement du bruit attirant ainsi l’attention des agressives créatures. L’aspect répétitif de ces scènes agace et diminue de façon drastique la tension générée par les situations horrifiques.
Certains pardonneront peut-être l’inefficacité des scènes d’horreur, la lenteur de l’introduction et le look bon marché de la production en raison des intéressants résidents de Mulberry Street. Une mère monoparental, son fils adolescent flirtant avec la délinquance, un ex-boxeur qui lui sert de figure paternelle et sa fille soldate qui revient défigurée d’une campagne militaire s’avèrent crédibles et les relations qu’ils entretiennent avant et pendant la crise sont bien définies.
Dans le même genre, Mulberry Streets n’arrive pas à la cheville de 28 Days Later. À force de faire dans la dentelle, le cinéaste a perdu de vue l’essentiel: effrayer, et non sensibiliser, ses spectateurs.