Un film de Oxide Pang, avec Charlene Choi, Isabella Leung et Shawn Yu. Hong Kong, 2006, 85 courtes minutes.
Grâce à leur série The Eye les frères Pang se sont taillés une place de choix dans l’univers du cinéma d’horreur asiatique. Le réalisateur, producteur et scénariste Oxide Pang, assisté de son frère Danny Pang et de quelques autres Pang (le scénariste Thomas Pang et le monteur Curran Pang) ont préparé un joli petit film d’horreur en tous points supérieur à leur essai américain The Messengers.
The Diary représente un casse-tête car l’intrigue, telle que présentée du point de vue de Winnie, ne correspond pas nécessairement à la réalité de la diégèse. Winnie ne va pas très bien, son cerveau malade lui joue de biens vilains tours. Par conséquent, elle passe la majeure partie de ses journées à façonner des marionnettes et rédiger un journal personnel. Mais lorsqu’on est victime d’hallucinations, difficile de savoir si le garçon qu’on vient de rencontrer et qui ressemble étrangement à son ex, existe vraiment ou s’il n’est que le fruit de notre imagination détraquée.
Tout au long du film, les frères Pang défient les spectateurs de deviner ce qui se cache de l’autre côté du miroir. Quand le voile tombe, ce qu’il révèle ne semble pas sorti d’un chapeau. Chacun des éléments étonnants sont précédemment annoncés par des séquences mystérieuses habilement construites. En d’autres termes, le scénario fait preuve d’une intelligence au niveau de la forme qui n’est pas sans rappeler The Sixth Sense ou The Usual Suspect.
Au delà de l’aspect énigmatique de l’histoire, The Diary excelle dans l’établissement d’une ambiance angoissante. La direction photo de Anuchit Pinyopojanee (dites-le à haute voix), exploite avec flair l’espace restreint de l’appartement pour créer une ambiance étouffante qui déplaira aux claustrophobes. Quant à la trame sonore de Payont Permsith (un autre nom à faire du camping), elle contribue par ses notes inquiétantes aux accents presque extra-terrestres à extirper le spectateur de sa zone de confort.
Comme c’était le cas dans The Grudge ou de nombreux autres films d’horreur nippons, le cinéaste établit rapidement qu’il peut vous faire faire le saut à tous moments. Les hallucinations du personnage principal se manifestent soudainement et bruyamment. Grâce à ces petites surprises vous resterez éveillé et c’est tant mieux car pour solutionner l’énigme proposée par cette oeuvre, toute votre concentration s’avèrera nécessaire.
Le film repose entièrement sur les épaules de Charlene Choi. Cette chanteuse populaire, mieux connue pour avoir donné la réplique à Jackie Chan dans New Police Story, offre une prestation tout simplement formidable. Ce rôle, avec ses nombreuses crises d’hystérie, aurait pu être irritable, mais Choi, de par la détresse de son regard et son adorable tic nerveux, arrive à rendre attachant un personnage pitoyable.
The Diary plaira aux étudiants de psychologie et aux amateurs de cinéma d’horreur, même ceux qui en ont assez des histoires de fantômes. Une autre preuve irréfutable que l’Asie règne en maître présentement sur le cinéma d’épouvante.