Perfect Creature

Un film de Gienn Standring, avec Dougray Scott et Saffron Burrows, Nouvelle-Zélande, 2007, 88 minutes.


Un réalisateur néo-zélandais se présente à Fantasia avec une idée, en apprence, infaillible: un film de vampire dans un contexte steampunk. Dans le monde imaginé par Gienn Standring, le premier vampire est né au 18ème siècle et la population, confrontée à ce nouveau maillon de la chaîne de l’évolution, l’accepte comme une manifestation divine. Se développe ainsi une nouvelle religion où les humains se rendent dans les églises pour y verser volontairement de leur sang en échange de la bénédiction des prêtres vampires.

300 ans plus tard, l’un des membres de cette sainte confrérie brise pour la première fois le lien de confiance entre les deux espèces et insère ses canines dans les gorges d’innocentes victimes. Une policière se remettant du décès tragique de son fils et un vampire entretenant un lien familial avec le déviant doivent l’arrêter avant qu’il ne s’en prenne à la ville entière.

Si jamais le récit reste coincé sur un détail, le scénariste et réalisateur Gienn Standring s’est découvert une issue de secours: le gros méchant et le bon gentil communiquent par télépathie (ou l’un devine les pensées de l’autre, ce n’est pas très clair) ce qui permet à l’antagoniste, à la manière du Sphynx dans Batman, de révéler son plan démoniaque à travers des jeux de mots déguisés en énigmes.

Visuellement, l’univers parallèle proposé par Perfect Creature s’avère fort convaincant. Les effets spéciaux rendent bien cette civilisation où la religion et non la science, s’est imposée lors de l’époque moderne. D’immenses cathédrales ressemblant à des gratte-ciels surplombent une ville qui commence à peine à ressentir les effets d’une révolution industrielle tardive.

Malheureusement, Standring dose mal ses énergies. Après avoir conçu un monde fascinant, il omet de le peupler de personnages intéressants. Malgré tous les efforts mis en oeuvre par Saffron (Deep Blue See) Burrows pour faire de l’héroïne une femme d’action indépendante (une version sans testicules du cliché masculin du superflic), elle remplit, pour la majeure partie du film, le rôle de demoiselle en détresse. Quant au héros vampire, il n’impose pas le respect comme un surhomme en complet dispendieux le devrait. Peut-être est-ce du au fait qu’il incline la tête comme un chiot quand il entend un bruit bizarre, à la fréquence où il se fait battre par son méchant frère, à sa naïveté concernant les agissements de sa confrérie et au jeu figé de Dougray (M:I2) Scott.

Au moins, Perfect Creature n’est pas complètement dénué de qualités. Le monde qu’il suggère pourrait constituer un arrière-plan formidable pour un jeu de rôle ou un jeu vidéo et son créateur trace un parallèle pertinent entre les religions et les corporations.