The Simpsons Movie

Un film d’animation de David Silverman, basé sur des personnages imaginés par Matt Groening, avec les mêmes acteurs que d’habitude autant en français qu’en anglais, États-Unis, 2007, 98 minutes.


Après plus d’une quinzaine de saisons de dessins animés autrefois révolutionnaires, la famille jaune prend d’assaut les grands écrans du monde entier. Accompagné d’une campagne publicitaire remarquée, le premier long métrage des Simpson compte profiter de son imposante base de fans pour atteindre facilement et dépasser largement le seuil de solvabilité.

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Malheureusement pour ceux qui espéraient que ce passage obligé au noble médium cinématographique revitalise une formule télévisuelle devenue moribonde, The Simpsons Movie correspond exactement à ce que les dernières années des aventures de Homer et cie nous ont habitués. L’intrigue semble complètement aléatoire: pour empêcher les résidants de Springfield (et Homer en particulier) de polluer le reste des États-Unis, la ville fondé par Jebediah (langue d’argent) est scellée sous un épais dôme de verre. Personne ne peut s’en échapper sauf, par un heureux hasard, les Simpson. Passeront-ils le reste de leurs jours en Alaska ou reviendront-ils pour libérer leurs voisins? Et qu’est-ce qu’un porc, un enfant Irlandais et Arnold Shwartzenegger viennent faire faire dans ce récit sans queue ni tête?

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Encore une fois, le noeud de l’histoire tourne autour des gaffes de Homer et de sa tentative de rédemption auprès de Marge et des habitants d’Evergreen Terrace et ses environs. Néanmoins, ceux qui apprécient l’aspect imprévisible et incongru des plus récentes aventures de la famille animée la plus populaire du petit écran adoreront The Simpsons Movie. D’une durée de 1h30, le film passe, comme le dirait le petit gros qui travaille à la boutique de BD, tel le Flash qui sprinte. Entraînés à remplir les 22 minutes à leur disposition hebdomadairement, les artisans de la série ne connaissent pas la définition du terme «  temps mort  ». S’ajoutent aux scènes dramatiques plutôt réussies entre Homer et Bart (qui supporte mal que son père soit si inconséquent) et Homer et Marge (qui ne trouve tout simplement plus de raisons pour excuser le comportement stupide de son mari) des gags visuels amusants, de nombreuses références culturelles ainsi que des messages écologiques et politiques pertinents.

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Contrairement à Matt Stone et Trey Parker avec South Park: The Movie, Matt Groening, James L. Brooks, David Silverman et les autres scénaristes responsables du film critiqué n’ont pas saisi l’opportunité d’un passage à un médium différent pour offrir quelque chose de, justement, différent. Les blagues trop osées pour la télévision, comme Homer qui montre ses majeurs ou Otto qui fume du pot, se comptent sur les quatre doigts de la main. En d’autres termes, malgré ses bons moments, The Simpsons Movie ne représente que 1h30 de plus à une oeuvre déjà volumineuse et non un accomplissement exceptionnel.

2 commentaires

  1. Charley. dit :

    The Simpsons Movie
    Hum… je ne suis pas tout à fait d’accord avec ton argumentaire, cher David.

    Si, en effet, les épisodes des Simpson suivent une trajectoire de plus en plus aléatoire comme tu le dis si bien, le film lui (bien que démarrant avec la même formule de la prémisse qui en dévoile une autre, qui en dévoile une autre) se dirige inéluctablement vers un récit de plus grande ampleur. Les deux derniers tiers suivent une narration précise et logique, entrecoupée d’effets comiques très efficaces et de dialogues absurdes savoureux, de loin supérieurs à ce qui nous est servi les dimanches soir à la télé depuis plusieurs années. Les (nombreux) scénaristes du film, bâtissant leur intrigue sur plus de 15 ans d’expérience, dévoilent en maîtres incontestés tous les détails de l’histoire, qui s’emboîtent tous à la perfection, même les plus incongrus, pour nous donner un scénario d’une solidité exemplaire, extrêmement fourni et dénué, en effet, de temps mort.

    Enfant tardif des années 80, alors que les feuilletons-télés inoffensifs inondaient les ondes et dominaient les cotes d’écoute (Golden Girls, Cheers, etc.), les Simpson arrivaient avec un ton décapant qui aura l’effet d’une petite révolution dans les médias américains (et même mondiaux). Bien sûr, avec l’avènement d’Internet et de la musique grunge, les Simpson se sont fait depuis dépassé (et non surpassé, nuance) par des séries qui osent aller plus loin dans l’humour noir, le mauvais goût et l’irrévérence (South Park, Family Guy), mais il faut reconnaître le rôle de pionnier et de modèle que la création de Matt Groening eut sur ces plus récentes incarnations.

    Et si le film de South Park, mettait en scène une histoire énorme, je ne crois pas que celle des Simpson le soit moins; Springfield et sa galerie complète de personnages sont menacés et la famille Simpson se retrouvent au centre d’une action colossale qui remonte même jusqu’au Président des États-Unis. Et, contrairement à Parker et Stone, Groening offre une rédemption à ses personnages, une certaine morale qui ne baigne pas uniquement dans le cynisme le plus complet (et ce n’est pas une attaque contre South Park, uniquement un point de comparaison).

    Les Simpson, faisant désormais office de grands-parents, demeurent une référence incontestée d’insubordination polie, d’absurde gentil et d’humour grinçant familial. Avec ce long métrage, qu’on ne doit pas confondre avec trois épisodes subséquents (non non, la construction narrative est complètement différente), les artisans des Simpson affirment leur identité avec fracas et se réapproprient le titre de première famille de l’animation.

    1. David Lamarre dit :

      The Simpsons Movie
      Bien renvoyé Charles.

      Je te concède que l’aspect aléatoire de la narration est purement illusoire et que tous les fils sont repris et noués à la fin de l’oeuvre. Il n’en demeure pas moins que le deuxième tiers ressemble à un deuxième épisode à peine relié au premier tiers/épisode. Il reprend la forme de la famille en voyage (à New-York, au Brésil, en Floride, etc.).

      Mais ce que je déplore par rapport au long métrage des Simpsons, c’est son manque d’audace. L’occasion se prêtait bien à présenter quelque chose de différent mais les créateurs ont opté de jouer «  safe  ». L’histoire est certainement épique mais ne repousse pas les limites formelles ou narratives définies par la série (outre la durée). Les créateurs de South Park ont profité de leur chance pour parodier les comédies musicales de Disney. Les créateurs de Beavis and Butthead en ont profité pour, hum, raconter une histoire.

      Un peu comme l’ont fait jadis les créateurs de X-Files, Matt Groening et cie nous invite à dépenser 10$ pour quelque chose qu’on regarde «  gratuitement  » à la télé depuis des années. Au moins, The Simpsons Movie divertit bien son public et se comprend facilement sans avoir mémorisé tous les éléments d’épisodes précédents.

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