The Sword Bearer (Mechenosets)

Un film de Filipp Yankovsky avec Artyom Tkachenko, Chulpan Khamatova et Leonid Gromov. Russie, 2006, 108 min.


Les film de super-héros s’essoufflent progressivement comme le démontrent Superman Returns et Spiderman 3. Le cinéaste russe Filipp Yankovsky s’efforce de renouveler ce genre en y allant d’une approche plus réaliste.

Colérique, jaloux et rancunier, Sasha n’a pas le sens moral très aiguisé. Par contre, la lame qui sort de sa main (Wolverine-style) l’est. Pourchassé par les forces de l’ordre et par des chasseurs de primes en raison de ses crimes passés, il vit une existence morose de fugitif. Sa vie trouve enfin un sens quand son destin croise celui de Katya et que tous deux succombent à un puissant coup de foudre. Partout où passe Sasha la peine, la mort et la dévastation traîne dans son sillage. À son grand désespoir, l’amour de sa vie risque de subir le même triste sort.

Le réalisateur Filipp Yankovsky dirige son film de super-héros hors des sentiers battus. On ne retrouve ni bon ni méchant dans ce récit ambigu. Il refuse catégoriquement d’expliquer la source des pouvoirs exceptionnels de Sasha. Les raisons poussant la femme d’engager des tueurs à gages pour s’occuper du protagoniste demeurent volontairement nébuleuses. Seuls quelques retours en arrière exposent que la damnée lame réside dans l’avant bras du antihéros depuis sa plus tendre enfance. Déjà là, elle représentait davantage une malédiction qu’une bénédiction.

À force de contourner les clichés, à refuser la construction classique du récit et de peindre en gris toute moralité, l’ensemble tend davantage vers l’exercice de style que vers un propos conséquent. Pour structurer la narration et donner une raison d’être à son protagoniste, les scénaristes Yevgeni Danilenko et Konstantin Syngayevsky ont opté pour une histoire d’amour qui débute d’une manière assez inhabituelle. Les tourtereaux consomment à deux reprises leur amour et perpètrent un double homicide avant de se dévoiler leur nom respectif. Mais la suite de leur relation condamnée à l’échec rappelle des drames conventionnels comme Roméo et Juliette et Tristan et Iseult.

Après tous les efforts déployés pour éviter les clichés en tous genres, le recours au plus grand cliché de tous, l’amour est plus fort que tout, torpille une oeuvre qui méritait mieux.