Un film de Christophe Honoré avec Romain Duris et Louis Garrel, France, 2006, 93 minutes.
Jumpcut, saut dans le temps, narrateur qui interpelle le spectateur, personnages qui regardent la caméra, dialogue chanté, répliques littéraires, Dans Paris en jouit pour rompre avec bonheur les conventions du 7ème art.
Ces extravagances attirent davantage l’attention que l’intrigue centrée sur deux frères, l’un dépressif suite à une rupture, l’autre jovial et libertin. Rassemblés sous le toit de leur père divorcé et unis par la devise: « Prend la peine d’ignorer la peine des tiens », les deux frères fument cigarettes par dessus cigarettes en réfléchissant à l’amour, la famille et au bonheur.
Léger comme l’air malgré son lourd thème de la dépression, le film de Christophe Honoré s’inspire de ses ancêtres de la Nouvelle Vague pour, reprenons l’expression consacrée par un surfer bien connu, casser le moule filmique.
Mais contrairement aux instigateurs de ce renouveau cinématographique, l’approche du cinéaste n’est ni nouvelle, ni révolutionnaire. Ludique et nostalgique constitueraient des qualificatifs plus appropriés. En fait, l’ensemble ressemble presque davantage à Ferris Bueller’s Day Out qu’à Le mépris.

Louis Garrel qui, après Les amants réguliers, se propose comme porte étendard des héritiers de la Nouvelle Vague, fait preuve ici d’un goût du jeu et d’un sens de l’humour qui complète à merveille l’ambiance dictée par le cinéaste Christophe Honoré. Ce dernier décrivait le rôle de Romain Duris comme « une pierre posée au milieu du film ». À mes yeux, il incarne plutôt, par son jeu sérieux et son personnage tourmenté, un parachute qui freine la course folle du film et l’empêche de déraper.
Dans Paris, par son approche amusante du médium et sa réflexion pertinente sur la joie et le mal de vivre constitue une des oeuvres les plus intéressantes projetées sur grand écran cette année. À voir si vous êtes cinéphiles ou si vous désirez le devenir.