Rush Hour 3

Un film de Brett Ratner avec Jackie Chan et Chris Tucker, États-Unis, 2007, 90 minutes, pas plus.


Existe-t-il des fans de la série Rush Hour? J’en doute mais Jackie Chan et Chris Tucker comptent assurément de nombreux admirateurs. Ainsi, même si tout le monde se fiche royalement des personnages du détective Carter et de l’inspecteur Lee, Rush Hour 3 risque d’attirer de nombreux spectateurs avec ses interprètes charismatiques qui apparaissent de moins en moins souvent au grand écran.

Chris Tucker et Jackie Chan
Chris Tucker et Jackie Chan

D’un côté on retrouve Chris Tucker et sa verve habituelle. Tel un Louis-Josée Houde afro-américain, le MC Ruby Rhod enchaîne énergiquement blagues par dessus blagues. À une belle fille couchée dans son lit, il lance: «  Je t’en prie appelle-moi James, ou étalon  ». Que dire de cette hilarante tirade: «  Mon propre frère pense que je suis un mouchard juste à cause qu’il a été arrêté après que mon coq aie perdu en demi-finale. Il ne faisait pas le poids et a quand même tenu la distance. Il était courageux, et délicieux.  »

De l’autre côté, Jackie Chan, sans être aussi agile ou casse-cou que dans sa jeunesse, se tire encore fort bien d’affaire pour un quinquagénaire. Il arrive toujours à épater la galerie avec des acrobaties comme cette ces scènes où il grimpe comme un singe les piliers de la tour Eiffel ou utilise des meubles pour parer des lames mortelles lancées par une prostituée française.

Jackie Chan et Chris Tucker
Jackie Chan et Chris Tucker

Amateurs d’Indianna Jones du monde entier, soyez inquiets, très inquiets. Jeff Nathanson, le scénariste du prochain opus de Harrisson Ford et Steven Spielberg, est responsable de l’épouvantable torchon qui sert de squelette à Rush Hour 3. Pour une troisième fois de suite, le titre Rush Hour ne fait pas référence à une quelconque heure de pointe. Complètement prévisible, l’intrigue ne mérite même pas d’être résumée. Après 10 minutes, vous devinerez, sans vous trompez, la suite des péripéties. Nathanson se sert de son canevas de film d’action pour commenter maladroitement certaines valeurs américaines. Par exemple, Yvan Attal, qui joue un chauffeur de Taxi assistant les héros, déclare «  Je ne saurai jamais ce que c’est d’être Américain, que de tuer un mec sans raison  ». En plus du recours à la violence, parfois mortelle, pour remédier aux conflits, la place des femmes doit aussi être décriée. Sans prétention féministe, j’avance que quand les personnages féminins sont, soit des victimes misérables, soit des prostituées, soit une nonne, il y a un sérieux problème. Pire encore, le rédacteur y va aussi d’une thèse sur la fraternité qui sonne complètement faux, surtout au niveau du lien entre Jackie Chan et son méchant nemesis.

Rush Hour 3
Rush Hour 3

Étrange qu’un film si risible attire, dans des rôles très mineurs, des monuments du 7ème art. En plus d’Yvan Attal, Roman Polanski fait une brève et amusante apparition en tant que commissaire français et Max Von Sidow déambule à l’occasion devant les décors du film. Sa présence, purement accessoire, vous rappellera tristement et inutilement le décès de Ingmar Bergman.

Brett Ratner, loin d’être un cinéaste de l’étoffe du géant suédois, effectue malgré tout une besogne compétente. Il dicte à son long métrage un rythme entraînant du début à la fin et tourne ses scènes d’action de manière à ce qu’on comprenne ce qui ce passe. Néanmoins, le résultat de son travail s’avère sans éclat, plutôt amoral, légèrement drôle et divertissant. En d’autres termes, Rush Hour 3 n’a d’exceptionnel que son inutilité. À ignorer au même titre que Taxi 4.