Le DJ XL5 présente, au Cinéma du PArc jeudi le 25 octobre à 19h, les 81 glorieuses minutes du film de René Cardona: Santo contre le trésor de Dracula.

Vous avez bien lu, le titre annonce en effet: Santo contre le trésor de Dracula. Non pas Santo contre Dracula ni Santo à la recherche du trésor de Dracula. Soyez assuré que Santo n’affronte aucunement le trésor de Dracula étrangement enfouit au Mexique. En vérité, il ne s’engage même pas dans un duel avec le célèbre Comte. Ce titre erroné est à l’image d’une production luttant et perdant contre des concepts aussi fondamentaux que le réalisme ou la cohérence. Si l’incompétence cinématographique vous amuse, vous vous délecterez de cette comédie d’erreurs.

Contemplez cette intrigue des plus ridicules: Santo, dans ses temps libres hors de l’arène, s’adonne à la physique transcendantale (!?). Son expertise dans le domaine lui permet d’inventer une machine à voyager dans le temps. Contrairement à la Delorean volante du Doc Brown ou à la cabine téléphonique de Bill et Ted, cet appareil permet de revivre consciemment un passage d’une vie antérieure. Or, la femme employée comme cobaye est tombée sous l’emprise de Dracula dans une existence précédente. En suivant ses mésaventures à la télé à voir dans le temps, Santo et ses comparses qui incluent un nerd paré d’un collier de rapper apprennent l’existence du trésor de Dracula. Toutefois, l’espion dissimulé derrière les rideaux du laboratoire a bien l’intention de mettre la patte sur le butin en premier.

Aux propriétés psychotroniques intrinsèques de l’oeuvre s’ajoutent de remarquables qualités techniques. La traduction française impressionne. Jamais des lutteurs mexicains se sont exprimés avec une telle aisance dans la langue de Molière. Considérez cet échange:

– Professeur, la preuve définitive se trouve dans le cercueil du vampire.

– Non! Vous ne savez pas ce que vous risquez… Laissez les morts vivants dormir en paix, Santo.

– Vous ne comprenez donc pas que mon intérêt est d’ordre scientifique? Je suis sur le point de prouver mes théories; je vais avoir besoin de votre concours.

Aussi, les somptueux costumes et décors des années ’70 vous rappelleront que les designers de cette époque possédaient un sens du style exceptionnel amplifié par une consommation massive de drogues hallucinogènes.

Une seule ombre obscurcit le tableau. Malgré tous les moments forts (qui comprennent une confrontation 2 de 3 entre Santo et Atlas et d’effrayantes chauve-souris de caoutchouc), Santo contre le trésor de Dracula déçoit légèrement puisque le luchador ne lutte pas, au corps à corps, contre le prince des vampires. Néanmoins, en remportant le duel par la ruse et en faisant preuve de brillantes connaissances scientifiques, Santo démontre que son muscle le plus puissant ne se trouve pas dans ses collants gris mais sous son masque d’argent.