Un film de Brian De Palma avec Rob Devaney, Patrick Carroll et Izzy Diaz. États-Unis, 2007, 90 minutes.
Avec le plus important film de sa carrière, Brian De Palma lance une autre pierre aux autorités américaines au sujet de la présence militaire en Iraq. Employant une forme similaire à celle utilisée par Denys Arcand pour Stardom, le réalisateur de Carrie et The Untouchables dresse un tableau inquiétant des pratiques criminelles de certains soldats stationnés à Samarah.
Après une nuit bien arrosée, quatre membres d’un escadron se rendent dans la demeure d’une jeune irakienne de 15 ans. Deux d’entre eux veulent la violer, un cherche à les arrêter et l’autre veut filmer la terrible escapade.

Exception faite de Scarface et Casualties of War, De Palma ne s’est jamais démarqué des autres cinéastes américains par ses thématiques sociales ou politiques. Le réalisateur de Snake Eyes et Raising Caïn est davantage reconnu pour sa virtuosité technique et ses références visuelles à d’autres réalisateurs. Il applique ici son talent pour l’émulation afin de reproduire les codes d’autres médiums visuels que le cinéma.
Des lentilles de caméras de télé, camescopes de soldats, caméras de surveillance ou webcams présentent la fiction basée sur un crime commis en 2006. Pour un oeil entraîné, l’aspect artificiel du traitement transparaît. Par exemple, du son accompagne miraculeusement les images saisies par des caméras de surveillance et les vidéos provenant du web sont d’une précision anormale. Aussi, des répliques énoncées sans subtilité tel: « The first casualty of war is truth » (La première victime de la guerre, c’est la vérité) trahissent la présence d’un scénario organisant les dialogues et l’action.
Ces quelques maladresses ne minent pas l’impact retentissant de cette violente charge déclenchée par les mensonges des autorités américaines au sujet de l’intervention en Iraq. Toutefois, en présentant un soldat qui tente de mettre des bâtons dans les roues des violeurs, De Palma évite de dépeindre les forces armées dans une lumière uniformément sombre. Aussi, durant les scènes horrifiantes et incontournables comme une décapitation ou l’explosion d’une mine anti-personnelle, il fait preuve de retenue et évite de basculer dans le sensationnalisme. D’ailleurs, de véritables clichés montrant des victimes collatérales du conflit irakien closent le film. Si parmi ceux-ci s’infiltrait une photographie prise pour Redacted cette dernière semblerait douce lorsque placée entre des authentiques.
Malgré cette retenue, De Palma récrit un cas documenté et manipule l’image pour accuser les forces armées d’hypocrisie. À vous de juger s’il s’agit d’une forme de guerilla, le cinéaste utilisant contre l’armée ses propres armes de persuasion ou s’il s’agit simplement d’une triste ironie.