My Winnipeg

Un film de Guy Maddin, Canada, 2007, 80 minutes.


La technologie du 7ème art ne cesse d’évoluer. Dans un univers façonné par la haute définition, le montage à l’ordinateur, les images de synthèses et les projections en trois dimensions, le cinéaste Guy Maddin, caméra super 8 au poing, pellicule noir et blanc en magasin, semble aussi décalé qu’un joueur de tennis employant une raquette de bois.

Un film de Guy Maddin
Un film de Guy Maddin

Pour My Winnipeg, il construit avec ses vétustes outils filmiques un portrait nostalgique de sa ville et sa famille. Le réalisateur et narrateur de ce film s’apparentant à un documentaire cherche par tous les moyens à s’évader de Winnipeg, son lieu d’origine. «  What if I film my way outta here?  » (et si je filmais mon chemin hors d’ici) avance-t-il… Il se remémore, à moitié endormi dans le train le menant à l’extérieur de la région, des anecdotes familiales et municipales. Façonnées par les mains de Morphée, les scènes évoquées par le réalisateur deviennent de plus en plus teintées d’un surréalisme onirique.

Ainsi, ses souvenirs d’enfance deviennent invraisemblables, comme ce moment où toute la famille Maddin se trouve réunit devant la télé à écouter Ledge Man, une émission quotidienne présentant invariablement un pauvre type sur une corniche qui menace de se jeter vers sa mort jusqu’à ce que sa mère le convainque que la vie vaut la peine d’être vécue.

Un film de Guy Maddin
Un film de Guy Maddin

Cet onirisme cher au réalisateur de Brand Upon the Brain! et The Saddest Music in the World contribue aussi à dresser un portrait fantaisiste de la capitale du Manitoba. Le documentariste irrationnel expose, entre autres, les propriétés «  super surnaturelles  » de la confluence des rivières Assiniboine et Rouge, l’importance insoupçonnée du réseau de ruelles Winnipégois, les cérémonies païennes pratiquées à l’hôtel de ville et les compétitions de «  Golden Boy  » tenues au dernier étage de l’édifice Eaton.

Les dirigeants de The Documentary Channel savaient-ils dans quelle entreprise ils investissaient lorsqu’ils financèrent cette production plus ludique qu’informative? Qu’importe, le résultat final frôle le génie. Jamais Winnipeg n’aura paru aussi excitante.