Les voleurs de chevaux

Un film de Micha Wald, avec Grégoire Colin, François-René Dupont, Adrien Jolivet et Grégoire Leprince-Ringuet, France, 85 min.


Quelque part à l’est, vers 1810, pendant que pataugent deux frères cosaques dans une rivière, deux autres frères leur dérobent leurs chevaux. Ce crime unira à jamais les destinés de ces quatre hommes.

Le cinéaste belge Micha Wald structure son récit rigoureusement en trois chapitres distincts.

Voleurs de chevaux de Micha Wald
Voleurs de chevaux de Micha Wald

Le premier offre un retour en arrière mettant en scène les deux baigneurs, alors apprentis cosaques. Cette section, qui n’est pas sans rappeler la première moitié de Full Metal Jacket, montre comment deux frangins, l’un frondeur, l’autre intimidable, réagissent à l’entraînement brutal et cruel auquel ils sont soumis. Les forts en sortent dangereux, les faibles en sortent brisés.

Le deuxième se concentre sur les voleurs de chevaux. Après leur délit, ils s’enfuient avec leur butin animal vers un village pour le vendre. C’est alors que le cadet se laisse séduire par une villageoise dévergondée au grand déplaisir de son grand frère, excessivement protecteur. De nouveau, on retrouve deux frères, l’un physiquement imposant l’autre maigre et boiteux. De nouveau, la force des liens fraternels unissant les deux frères est étudiée.

Voleurs de chevaux de Micha Wald
Voleurs de chevaux de Micha Wald

Entre ces deux chapitres presque symétriques, le réalisateur souligne les points communs. Les deux sous-récits montrent des cadets qui suivent, à contre-coeur, leurs aînés dans des entreprises périlleuses. Se reflètent des scènes où les deux frères prennent des bains en nature et dorment dans des endroits restreints, où l’aîné réchauffe le cadet ou brise le cou d’un ennemi du plus jeune.

La troisième et dernière partie clôt, à travers une agressive chasse à l’homme, les intrigues parallèles développées précédemment. Le sang versé par les personnages colore les thèmes de la fraternité et de la complémentarité du long métrage. Ce violent constat détonne comme du rouge sur du vert avec la paisible et harmonieuse nature qui entoure cosaques et voleurs de chevaux. La forêt, filmée dans toute sa beauté et les chevaux, présentés dans toute leur noblesse, renforcent ce portrait de la barbarie humaine.

Voleurs de chevaux de Micha Wald
Voleurs de chevaux de Micha Wald

Dommage que l’impact sentimental de Voleurs de chevaux ne soit pas à la hauteur de son étonnante maîtrise formelle. Pour cette inefficacité, la fin redondante ou les acteurs peu engageants peuvent être blâmés. Il n’en demeure pas moins qu’avec ce premier film fort réussi, Micha Wald semble promit à un bel avenir. Voilà (un autre) cinéaste belge à surveiller.