Un film de Frank Darabont, avec Thomas Jane, Laurie Holden et Marcia Gay Harden, États-Unis, 2007, 127 min.
Les oeuvres de Stephen King se sont révélées un terrain fertile pour Frank Darabont comme en font foi ses deux précédentes réalisations: The Green Mile et The Shawshank Redemption. Le voici de nouveau en selle, s’attaquant cette fois à la nouvelle The Mist.

Dans une communauté rurale du Maine, un violent orage dévaste le chalet de David (Thomas Jane). Il part avec son jeune fils en ville à la recherche de provisions alors que s’avance vers sa propriété une étrange brume. Pendant qu’il attend, comme des dizaines de personnes autour de lui, son tour à la caisse enregistreuse de l’épicerie, le brouillard s’abat sur la ville. C’est alors qu’un homme affolé et ensanglanté entre dans le commerce en hurlant « Something in the mist » (quelque chose dans la brume). Ce quelque chose s’avère être quelques choses qui apprécient bouffer de la chair humaine.

Darabont établit brillamment la tension entre les personnages effrayés et isolés à l’intérieur de l’épicerie. À ce niveau, le film n’a rien à envier à d’autres oeuvres de série B où les protagonistes se terrent dans un bâtiment pour survivre à une menace extérieure comme Night of the Living Dead ou Assault on Precinct 13. Le directeur photo, Ronn Shmidt, s’efforce de capter l’action de façon immédiate et intime, ce qui donne l’impression d’être sur place avec les assiégés. En bout de ligne, les pairs deviennent plus terrorisants que les créatures, à commencer par une dévote qui prêche la fin du monde, endoctrine les réfugiés et les incite à verser le sang des prétendus pêcheurs en guise d’expiation.

Mais si les humains qui peuplent le marché effraient plus que les bestioles qui habitent la brume, c’est en grande partie parce que des effets spéciaux minables leur donnent virtuellement vie. Ces trucages, tout droit sortis de Evolution torpille l’efficacité des scènes d’épouvantes. De plus, la structure du film de série B, rigoureusement respectée par le réalisateur, annonce quels personnages perdront la vie avant même qu’ils ne subissent leur sort. Nul besoin de connaître par coeur la filmographie de John Carpenter pour savoir que si un personnage marginal a soudainement droit à une scène qui le place au premier plan, c’est pour faciliter son identification lorsqu’il mordra la poussière.
Enfin, Darabont a modifié la conclusion du récit pour la version portée à l’écran. Cette nouvelle fin, qui va à l’encontre des valeurs des personnages développés précédemment, ne s’avère en aucun point meilleure que l’originelle. Pire encore, elle révèle sans l’ombre d’un doute la mysanthropie qui caractérise cette production.