Cloverfield

Un film de Matt Reeves, avec des jeunes branleurs, États-Unis, 2008, 84 minutes.


Dans les films de monstres géants à la Godzilla, il y a toujours des scènes où des figurants paniqués courent pour sauver leur peau. Cloverfield concentre toute son attention sur six d’entre eux.

Ainsi, pendant que l’île de Manhattan est dévastée par une créature gargantuesque, un yuppie nommé Rob part sauver Beth, la jeune femme qu’il aime, assisté de son frère Jason, de son meilleur ami Hud, de son aspirante belle soeur Lily et de Marlena, l’amie de Lily. Pour une raison qui dépasse l’entendement, Hud filme l’ensemble de leur périple et ce même lorsqu’ils doivent prendre leurs jambes à leur cou pour distancer la mort.

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Cet étrange (et court) ménage à trois entre Godzilla, The Blair Witch Project et la télésérie Friends ne se préoccupe pas d’expliquer la raison pour laquelle une créature démolit New-York. Probablement que le scénariste Drew Goddard et le réalisateur Matt Reeves savaient très bien que les spectateurs associeraient instinctivement les images de destruction massive aux attaques du 11 septembre au même titre que la production de Godzilla reflète l’horreur d’Hiroshima.

L’emphase est plutôt mis sur les réactions des personnages dans cette période de crise. Ces derniers, trois gars, trois filles un peu cons et pas mal superficiels semblent tout droit sortis d’une série télé. Ce n’est pas vraiment surprenant compte tenu que le film est produit par J.J. Abrams, le concepteur de Felicity. Néanmoins, certaines scènes, comme celle où Rob parle à sa mère au téléphone alors qu’il se cache dans le métro, parviennent à donner à ce film d’action des airs de tragédie. Mais il ne s’agit que de brefs moments de repos. Cloverfield demeure d’abord et avant tout un film d’action. De la course effrénée sur le pont de Brooklyn qui s’effondre à l’invasion de bestioles arrivées sur le dos du gros monstre, les moments d’excitation ne manquent pas. Si le dispositif filmique ne parvient pas toujours à rendre intelligible ces moments périlleux (n’oubliez pas que le film se veut une cassette récupérée d’un camescope tenu par les protagonistes), l’excellent montage sonore parvient à définir ce qui se passe et stimuler l’anxiété.

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D’ailleurs, la caméra employée est remarquable. Indestructible et inépuisable (les piles ne faiblissent jamais malgré l’emploie de la lampe), elle capte des sons presque inaudibles au milieu d’un vacarme et des images spectaculaires alors que la lumière est mauvaise. Mis à part ces détails agaçants, l’illusion est presque parfaite tant les effets spéciaux sont réussis. L’immense créature animée à l’ordinateur ressemble à un contorsionniste qui marche à quatre pattes, mais à l’envers. Les dégâts qu’elle laisse sur son passage sont saisissants et vraisemblables. On est loin des maquettes en carton des films de Kaiju.

Si vous souffrez facilement de malaise lorsque la caméra gigote, le film de Matt Reeves n’est pas pour vous. Si vous avez le coeur et les nerfs solides, n’hésitez pas à tenter l’expérience Cloverfield.