Un film de Carl Bessai, avec Carrie-Ann Moss, Kevin Zegers et Callum Keith Renny, Canada/États-Unis, 2007, 100 min.
Il est difficile de vivre une vie normale après avoir vécu un événement traumatique. Tel est l’ennuyant constat dressé par Carl Bessai avec Normal.
Dans une bourgade normale de la côte ouest canadienne, trois personnes vivent plutôt mal avec les conséquences tragiques d’un accident de la route mortel. Une mère patauge dans la dépression suite à la mort de son fils aîné. Un professeur de littérature lutte contre les remords d’avoir causé l’accident par sa conduite en état d’ébriété. Un jeune homme culpabilise d’avoir entraîné le décès de son ami dans un véhicule volé.
Chacune de ces trois histoires pourrait servir de base à un endormant téléfilm. Réunies, elles tissent un mélodrame ennuyant au cube.
L’action de Normal se déroule entièrement après l’événement traumatique. Faute de voir évoluer les protagnonistes avant l’incident, il est difficile de comprendre adéquatement comment les vies de ces derniers ont été chambardées. Ceci place les acteurs dans une situation délicate puisque leurs personnages sont surchargés de bagages émotifs avant même le début du film. Aussi, en suivant trois intrigues entre-chassées, Carl Bessai s’éparpille et perd le focus dans des histoires secondaires superflues comme une belle-mère qui baise père et fils ou une étudiante qui séduit son enseignant.
Bien que le film soit tourné caméra à l’épaule, le point de vue ne traque pas les interprètes comme dans 4 mois 3 semaines et 2 jours ou les films des frères Dardenne. Elle reste statique et en retrait, alternant entre plan d’ensemble et plan rapproché de façon conventionnelle. Jumelés à des plans de coupe tournés à l’hélicoptère séparant les trois fils du récit, la direction photo ressemble à un téléroman pour lequel les caméramans auraient perdus leurs trépiers.
Dommage que l’ensemble ne soit pas mieux ficelé car la plupart des scènes s’appuient sur de solides dialogues et contiennent de pertinents confits dramatiques. De plus, certains passages explorent de façon intéressante comment il est difficile de bien comprendre les sentiments de ses proches. Or, ces éléments se noient dans la morosité du propos et la confusion des récits entremêlés.