Un film de Éric Barbier, avec Yvan Attal, Clovis Cornillac et Pierre Richard, France, 2007, 119 minutes.
Avec un titre aussi vague que Le serpent, on pourrait s’attendre à n’importe quoi du plus récent film de Éric Barbier. Il ne s’agit pas d’un remake français de Escape from New-York ou d’un documentaire animalier mais bien d’un thriller psychologique qui manque un peu de mordant.
La vie de Vincent (Yvan Attal) n’est pas de tout repos. Ce photographe de mode dort sur la canapé alors que sa femme s’apprête à le quitter et emporter avec elle leurs enfants en Allemagne. Une tuile de plus lui tombe sur la tête en la personne de Sophie, un mannequin qui l’accuse de viol. Cette plainte ne représente que le premier engrenage d’une machination machiavélique montée par son ancien « camarade » de classe: Plender (Clovis Cornillac). Pourquoi cet escroqueur et maître chanteur s’en prend-t-il à Vincent? Surtout, comment ce dernier arrivera-t-il à se défaire de l’emprise du serpent?
Ce polar basé sur le roman de Ted Lewis ne se démarque pas par son originalité. Il ressasse des lieux communs mille fois explorés. D’abord, les motivations de l’antagoniste se basent sur une vielle rancune. Ensuite, le héros se voit accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Fugitif, il doit prouver son innocence. Ce conventionnalisme envenime l’intrigue et rend sa conclusion prévisible et réconfortante. Or, les films du genre doivent inquiéter, non pas rassurer.
Avant un dernier acte affaibli par sa prévisibilité, Le serpent brille par son efficacité. La direction photo surprenante de Jérôme Robert (il nous a habitués à moins de vigueur avec Camping et Iznogood) exploite à merveille le gros plan pour transmettre l’angoisse de son protagoniste. Le cadre se ressert comme un étau sur le visage de Yvan Attal à mesure que la tension s’intensifie. La trame sonore combinant sonorités électroniques inquiétantes et mélodies au piano accentue le suspense.
Les deux têtes d’affiches se montrent à la hauteur du duel opposant leurs deux personnages. On m’a déjà dit de me méfier des petits « bouncers ». S’ils pratiquent ce métier malgré leur petite taille, c’est qu’ils sont particulièrement dangereux. Clovis Cornillac possède justement cette carrure de petite teigne. Yvan Attal, avec ses allures de mec ordinaire, représente une victime inoffensive à laquelle il est facile de s’identifier. Pour les mêmes raisons, les scènes où il s’élance dans une évasion spectaculaire ou s’engage dans un combat à mains nues avec son bourreau manquent de crédibilité.
Somme toute, les amateurs de thrillers (non pas l’album de Michael Jackson mais bien le genre cinématographique) y trouveront leur compte. Bien filmé, bien monté, bien joué, il ne manque au Serpent qu’un peu de sournoiserie pour se montrer redoutable.