Un film de Josh Gordon et Will Speck avec Will Ferrel et Jon Heder, États-Unis, 2007, 93 minutes.
Le patinage artistique masculin, avec ses costumes excentriques, ses athlètes efféminés et le conservatisme castrateur de ses institutions, semblait mûr pour faire les frais d’une comédie loufoque. Ajoutez deux comiques de la trempe de Will Ferrel (Talladega Nights) et Jon Heder (Napoleon Dynamite) et le succès paraît inévitable. Pourtant, Blades of Glory trébuche et se cogne le coccyx sur la glace. Analysons au ralenti les causes de cette triste chute.
D’abord, l’intrigue et les personnages ne se démarquent pas par leur originalité. Deux rivaux, l’un arrogant et macho (Ferrel), l’autre habile et sensible (Heder), en viennent aux coups lors d’une compétition corsée. Bannis à vie de la discipline, ils découvrent une faille dans la réglementation: ils peuvent reprendre la compétition à condition de patiner en couple. Puisqu’une faille ne vient jamais seule, ils réalisent que la définition de « couple », contrairement à la définition traditionnelle du mariage, peut être sujette à interprétation. Les deux ennemis jurés entreprennent donc de conjuguer leurs efforts pour battre une paire de tricheurs (Will Arnett et Amy Poehler) et monter sur la première marche du podium des jeux du monde (!?) tenus à Montréal.
Tout comme l’éclair ne frappe jamais deux fois à la même place, on ne rit jamais deux fois de la même blague. Peut-être devrait-on transmettre ces paroles de sagesse aux réalisateurs Josh Gordon et Will Speck qui, en plus de reprendre la formule moribonde de la paire dépareillée et le thème usé de l’importance du travail d’équipe, s’entêtent à répéter des innuendos homo-érotiques ad nauseum. Je ne peux reprocher à Will Farrel de recréer le type de rôle qui l’a rendu célèbre. Ses fans ne veulent pas le voir se réinventer de productions en productions; ils veulent le voir jouer des personnages aux égos plus gros que leurs habilités. Toutefois, est-ce trop demander à ce talentueux improvisateur d’éviter de resservir les mêmes gags? J’en ai marre de le voir balbutier en pleurnichant. Quant à Jon Heder, malgré ses habits flamboyants, il ne parvient pas à sortir de l’ombre de Ferrel et à rehausser le piètre spectacle.
Étrangement, le film glisse progressivement vers la science-fiction. En plus de se dérouler au rythme de la musique de Flash Gordon composée par Queen, le dernier programme du couple est visiblement tourné devant un fond vert et emploie des trucages réussis avec des câbles invisibles comme dans Tigre et dragon. Par conséquent, ne visionnez pas ce film en espérant assister à de véritables prouesses athlétiques.
Ne regardez pas non plus cette oeuvre pour visiter virtuellement la ville de Montréal. Bien que les images du marché Bonsecours, Palais des Congrès et Habitat 67 captent l’attention, elles s’inscrivent dans une vision géographique complètement erronée de la métropole. Par exemple, dans le Montréal de Blades of Glory, le stade olympique est un aréna qui longe le canal Lachine.
Bref, cette comédie comme il y en a tant d’autres me rappelle les performances de Josée Chouinard aux jeux olympiques: pleines de promesses et de déceptions. Évitez ce DVD et allez jouer dehors pendant qu’il y a encore de la neige…