Un film de Ira Sachs, avec Chris Cooper, Pierce Brosnan et Patricia Clarkson, États-Unis, 2007, 90 minutes.
« C’est drôle, n’est-ce pas, ce qu’on peut faire par amour… » Tels sont les derniers mots entendus dans Married Life. Malheureusement, vous ne rirez pas beaucoup en visionnant le film d’Ira Sachs…
En 1949, Harry décide de quitter Pat, sa femme, pour vivre heureux avec Kay, sa maîtresse. Or, cet homme d’affaires romantique, contrairement à Cooper, son meilleur ami célibataire, ne supporte pas de décevoir les autres. Il entreprend donc d’assassiner son épouse pour éviter de lui briser le coeur.
Étrange mélange entre un film noir, une comédie et un drame, Married Life puise dans les films mettant en vedette Joan Crawford et Bette Davis son approche irréaliste du sujet de la vie commune. Toutefois, Ira Sachs place ses deux personnages masculins au premier plan. Cooper (Pierce Brosnam, Détonateur vivant) en plus d’assurer une narration incessante, inutile et plutôt agaçante, s’avère un Don Juan impénitent. Il n’éprouve aucun remords à séduire la fausse blonde (Rachel McAdams, The Notebook) de son pote et à mettre en oeuvre sa chute. Avec un meilleur ami pareil, Harry (Chris Cooper, Seabiscuit) n’a pas besoin d’un pire ennemi. Non seulement est-il aveugle à la trahison de son confident, il ne perçoit pas que Pat (Patricia Clarkson, Miracle), qu’il décrit pourtant, comme une femme pour qui l’amour et le sexe sont synonymes, peut se passer de lui.
Cette sévère désillusion, jumelée à ses désirs meurtriers, font de Harry un protagoniste franchement antipathique. Plutôt que jouer la carte de l’humour noir ou du suspense, Sachs cherche à faire accepter les actions de son « héros » en adoucissant le ton de son drame, l’étirant vers la comédie romantique. Or ni drôle, ni émouvante, cette production cherchera longtemps son public. Elle ne le trouvera certes pas auprès des amateurs de films d’époque, la reconstitution historique se voulant purement fonctionnelle et peu impressionnante. Par exemple, pour éviter de passer devant des immeubles à l’architecture moderne, les voitures circulent toujours sur des routes boisées.
Malgré toutes ses faiblesses, Married Life ne représente pas un échec sur toute la ligne. Certains échanges, faute de provoquer l’hilarité, font sourire. Certains costumes attirent l’attention et le ton recherché se veut original. Or, les qualités apparaissent en trop petite quantité, n’en déplaise à Ira Sachs, pour m’inciter à vous conseiller son film.