Un film de Éric Guirado avec Nicolas Cazalé, Daniel Duval et Clothilde Hesme, France, 2007, 96 minutes.
Quel bonheur que la campagne! Son air pur et vivifiant, sa tranquillité et la beauté de ses paysages facilitent l’introspection. Si, comme Éric Guirado, vous croyez ces horribles clichés, vous adorerez Le fils de l’épicier.
Antoine Sforza (Cazalé), un citadin vivotant entre de petits boulots, profite des problèmes de santé de son père (Duval) qu’il déteste tant pour revenir à la maison après 10 ans d’absence et conduire la cantine mobile familiale. Cherchant à faire d’une pierre deux coups, il invite son amie attirante (Hesme) qui prétend avoir besoin de changer d’air.
Les panoramas pittoresques tournés par Laurent Brunet et l’excellente distribution qui compte Nicolas Cazalé (qui reprend à toutes fins pratiques son rôle de Le grand voyage) et Clothilde Hesme (aussi exubérante que d’habitude) ne parviennent pas à rendre mémorable le film dirigé par Éric Guirado.
Dans sa poursuite de la subtilité, il n’arrive qu’à sous-développer son drame. Dans sa quête de légèreté, il vide son récit. En cherchant à rester terre à terre et vraisemblable, il construit un film banal. L’exemple le plus flagrant de la faiblesse de l’oeuvre réside dans le personnage du frère d’Antoine. Difficile de croire qu’il cache à ses parents depuis deux ans sa rupture avec sa femme alors qu’il les visite plusieurs fois par semaine. Son rôle se révèle purement fonctionnel, servant d’antagoniste et de rédemption (grâce à une coïncidence inconcevable) au héros.
Enfin, Guirado, à travers l’arc de son personnage principal, avance que le travail de commis à l’épicerie permet de soigner la misanthropie. Or, comme Kevin Smith l’a démontré habilement avec Clerks, le poste de commis ne guérit pas mais cause la misanthropie.
Le fils de l’épicier se révèle moins tape-à-l’oeil mais tout aussi dégoulinant d’un amour naïf de la vie rurale que A Good Year. Laissez sur les tablettes ce film grano, bio, équitable et sans saveur.