Un film de Guy Ritchie, avec Jason Statham, Ray Liotta, André Benjamin et Vincent Pastore, France / Royaume-Uni, 2005, 115 min.
Avant d’être principalement connu comme étant le mari de Madonna, Guy Ritchie avait attiré l’attention des cinéphiles avec une paire de films de gangsters amusants: Snatch et Lock, Stock and Two Smoking Barrels. Avec Revolver, il revient à ce genre et cherche à lui injecter une dose massive d’originalité. Malheureusement, le film succombe à l’opération, les concepts narratifs et visuels introduits par Dr. Ritchie intoxiquent fatalement la production.
Après sep7 années passées en prison, Jake (Jason Statham) retrouve sa liberté et son vieil ennemi Macha (Ray Liotta, retrouvant son compagnon d’infortune de Au nom du roi). Alors qu’il cherche à arnaquer son nemesis, Jake tombe dans les pommes. Diagnostiqué d’une maladie du sang rarissime, on ne lui donne que trois jours à vivre. Pour Statham, c’est deux de plus que dans Crank. Voilà que deux mecs louches lui promettent de perpétuer son existence en échange de sa richesse et son obéissance. Ces deux malfrats l’aident même à obtenir vengeance sur son rival. L’étrangeté de la situation pousse Jake à un questionnement: perd-t-il la raison?
Un tel résumé paraîtra incomplet à quiconque a vu le film. Il se passe tant de chose et s’en explique si peu que l’intrigue devient rapidement déroutante. Pire, les écarts stylistiques de Ritchie, très tape-à-l’oeil, viennent envenimer le propos. Par exemple, un piège tendu par les mystérieux héros est présenté, pour une raison incompréhensible, en animation japonaise.
Aussi, les personnages colorés aux noms imagés semblables à ceux de Snatch se multiplient et viennent embrouiller le récit du narrateur. Les trafiquants asiatiques, la tueuse sensuelle, l’assassin cartésien, la nièce vulnérable, le frère loyal et l’homme de main sadique viennent miner le thème de l’oeuvre qui se révèle être la tromperie de l’égo. En effet, la trame centrale du film repose sur la perception douteuse de la réalité du narrateur. Or, avec tous les personnages et intrigues secondaires, le protagoniste n’apparaît à l’écran que pour la moitié de la durée du long métrage. Il devient un personnage secondaire dans sa propre histoire.
Par conséquent, Revolver donne l’impression de s’éparpiller dans tous les sens. De cette confusion émerge quelques scènes saisissantes comme cette séquence où Statham traverse au ralenti et à reculons, un pare-brise tête première. Guy Ritchie multiplie les citations, introduisant des mentions écrites extraites d’oeuvres littéraires. Ces emprunts, jumelés aux différents styles visuels qui se côtoient de force donnent à un l’oeuvre un caractère résolument post-moderne. Malgré tout, l’ensemble est inférieur à la somme des parties.
L’audace et l’originalité du film de Ritchie ne sont égalées que par son manque de rigueur et la maladresse de sa construction. Il en résulte un échec fascinant.
Une réussite pour un échec
On ne sait jamais ce que va nous livrer Guy Ritchie. Il est capable du meilleur comme du pire!
Revolver semble raté, mais sa pub de soccer pour Nike est jouissive:
http://www.youtube.com/watch?v=_lVrvnlLUwE
Bon, un spot de 30 secondes ne compense pas un film raté, mais c’est une consolation…