Un documentaire de German Gutierrez, Canada, 2007, 52 min.

Dans ce reportage signé German Gutierrez découvrez la politique étrangère mise en œuvre par Luiz Inacia Lula da Silva lors de son premier mandat. Le président brésilien cherche, depuis son élection en 2003, à changer le monde sur trois champs de bataille : dans les rencontres de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), dans les séances des Nations Unies (ONU) et dans les entretiens avec ses homologues sud-américains visant la constitution d’une communauté sud-américaine des nations (CSN). Sur chacun de ces fronts, l’ancien leader syndical lutte pour l’établissement d’un meilleur partage des richesses et une plus grande justice sociale.

German Gutierez (réalisateur de l’excellent Qui a tiré sur mon frère?) expose clairement les idéologies de Lula en organisant son film selon les trois axes principaux de la politique étrangère de son sujet. Profitant d’un accès privilégié au chef d’état, il laisse ce dernier commenter ses prises de position. Rarement un documentariste aura-t-il eu l’opportunité de s’entretenir aussi directement, et ce, sur une aussi longue période (2 ans), avec un dirigeant aussi important.

Par contre, en concentrant toute son attention sur Lula et ses proches collaborateurs, Gutierrez ne laisse pas la parole à ses détracteurs. Les quelques passages où il passe le micro à des citoyens croisés sur la rue n’ont assurément pas le même poids que s’il avait interrogé les présidents Chirac ou Bush sur des questions qui font litige avec le Brésil. Pire, la conclusion, sur un air festif chantant Olé Olé Lula, donne davantage l’impression d’avoir regardé une production promotionnelle qu’un documentaire bien étoffé.

Malgré cela, le charisme du président brésilien et la noblesse de ses intentions le baignent d’une lumière sympathique. Par exemple, il semble sincère lorsqu’il prétend avoir refusé de signer le traité prévoyant une zone de libre échange américaine parce que les avantages que le Brésil y gagneraient nuiraient aux économies de ses voisins.

Le monde selon Lula se veut davantage un cours de diplomatie brésilienne qu’un portrait du président récemment réélu. Faute d’explorer, à part dans une mention écrite un peu vague, les problèmes politiques rencontrés par le chef d’état comme le scandale des mensualités (sorte de crise des commandites puissance 10), Gutierrez fait l’éloge de Lula. Cette approche dénuée de cynisme et pleine d’admiration fait de Le monde selon Lula l’anti Fahrenheit 911.