Un documentaire de Marie-Monique Robin, France/Canada, 2008, 108 minutes.
« We can’t afford to lose one dollar of business. » (Nous ne pouvons nous permettre de perdre un dollar de commerce.)
Cet énoncé retrouvé dans les communications internes de la multinationale Monsanto justifie ses décisions douteuses d’un point de vue éthique et rentables d’un point de vue économique. Tel est le constat accablant et peu surprenant émis par la cinéaste Marie-Monique Robin à travers Le monde selon Monsanto.
Les recherches de la documentariste accumulent les preuves de la mauvaise foie de l’entreprise spécialisée dans les produits issus des biotechnologies. Par exemple, Monsanto vend des semences de maïs modifiées génétiquement. Or, par la pollen, le maïs transgénique contamine les champs de maïs voisins. Pour exploiter des champs de maïs trangénique, il faut respecter le brevet de Monsanto et acheter ses semences. Autrement dit, la multinationale donne la maladie et fait payer pour le vaccin. Ce modèle commercial ressemble de façon inquiétante à celui des grandes compagnies de tabac: cacher la vérité sur les effets nocifs (dont la dépendance) de ses produits pour engranger les profits.
Marie-Monique Robin n’investit pas autant d’énergie dans la recherche formelle de son documentaire que dans sa quête d’information. Elle construit son film sans éclat en boucles qui viennent encercler le machiavélisme de Monsanto. Chaque boucle débute par une mise-en-scène très artificielle où la réalisatrice parcourt la toile sur son Macintosh et découvre une source d’information pertinente. Le plan suivant la montre lorsqu’elle voyage pour interroger l’auteur ou le sujet du document trouvé en ligne. Enfin, la boucle se complète par une entrevue en bonne et due forme. Les intervenants abordés par Mme Robin paraissent, selon toute vraisemblance, crédibles. Journalistes, avocats et universitaires, ils éclairent, tour à tour, les ténèbres émanant de la corporation tentaculaire.
Lorsque ses interlocuteurs ne l’avancent pas eux-mêmes, Mme Robin suggère, à travers ses questions, la possibilité que les administrateurs de Monsanto conspirent avec les gouvernements pour parvenir à leurs fins. Elle va même jusqu’à évoquer la théorie alarmiste selon laquelle Monsanto chercherait à éliminer l’agriculture traditionnelle pour imposer les semences transgéniques et contrôler l’alimentation mondiale.
Ce scénario catastrophe peut paraître farfelu. Mais qui allez-vous croire: une multinationale déjà reconnue coupable de publicité mensongère et de négligence industrielle ayant contaminée une ville entière ou une citoyenne concernée qui cite des sources fiables? Jugez par vous même en visionnant ou lisant Le monde selon Monsanto.