Un documentaire de Errol Morris, États-Unis, 2008, 1h56.
Les clichés révélant les sévisses subis par les prisonniers Irakiens d’Abou Ghraib placèrent les autorités américaines dans l’eau chaude. Ils entraînèrent même des excuses prononcées de la bouche du président des États-Unis. Qui a pris ces photographies? Pourquoi l’avoir fait? Que ce cache-t-il hors des limites du cadre de ces images?
Errol Morris cherche les réponses à ces troublantes questions en interrogeant les principaux acteurs de ce drame. La directrice de l’établissement, Janis Karpinski, l’enquêteur chargé d’analyser les photos, Brent Pack, et les membres de la police militaire Lynndie England, Megan Ambhul, Sabrina Harman, Javal Davis, Roman Krol et Jeremy Sivits prennent tour à tour la parole et expliquent, en fixant l’objectif, ce qui s’est passé.

Cette étrange façon de cadrer les entrevues, possible grâce à un gadget appelé l’interotron, procure un contact plus direct avec les intervenants, comme s’ils s’adressaient directement à vous par l’entremise d’une webcam. Pour illustrer les témoignages, Morris emploie de brèves reconstitutions ou des graphiques détaillés. Appuyés par une émouvante trame sonore de Danny Elfman, l’esthétisme de ces passages marque la qualité exceptionnelle de la présentation de cette oeuvre.
Étrangement, presque tous les participants au scandale se décrivent comme des victimes, non pas des tortionnaires. Ils qualifient leur peine d’emprisonnement comme « humiliante » ou « injustifiée », jamais méritée. À dire vrai, la plupart des horreurs contenues dans les fichiers jpeg, ne constituent pas des actes criminels. Aussi inquiétant que cela puisse paraître, seules les photos montrant des mises en scène sexuelles ou des sévisses corporels représentent des éléments de preuve. Les autres images, aussi épouvantable que cela puisse paraître, correspondent aux procédures habituelles d’opération (Standard Operating Procedure) des centres de détention militaire américains. Malgré tout, l’entrain que manifestaient les MPs fautifs sur les clichés les trahissent. Ils se croyaient à tort justifiés d’agir comme ils l’ont fait. Jeunes, naïfs, confus et stressés, ils trouvèrent réconfort dans l’exercice de leur pouvoir.

Standard Operating Procedure ne dure que deux heures, mais les horreurs que le film présente vous hanteront des semaines durant. Au même titre que les photos qui les inspirent, les témoignages contenus dans le documentaire d’Errol Morris, repésentent des preuves accablantes des horreurs de la guerre.
Standard Operating Procedure
Celà fait tomber un mythe : celui longtemps entretenu par certaines féministes pures et dures qui s’arrangaient de ne voir la violence que chez l’homme (pourtant il y avait eu la version contemporaine des femmes SS etc..). Ici à tous les niveaux de responsabilité : de la soldate, à la commandante » « générale » etc.. elle ont toutes participées à ces tortures..
Aussi la viol…ence et la pratique des actes des tortionnaires dans ce qu’elle a d’horrible et d’abjecte n’ont pas de sexe.