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Un film de Christopher Denham avec Adrian Pasdar, Cady McClain, Austin Williams et Amber Joy Williams. États-Unis, 2008, 80 minutes.


Des enfants maléfiques. Voilà un sujet plutôt cliché pour un film d’horreur. Le scénariste et réalisateur Christopher Denham trouve heureusement un moyen de le développer sous un angle nouveau en le présentant sous la forme d’un vidéo de famille.

Établis depuis peu dans un secteur boisé du Connecticut, les Poe, (Clare, David et les petits Jack et Emily) cherchent à mener une existence paisible et agréable. Mais les deux jeunes enfants agissent bizarrement. Antisociaux, ils dialoguent dans un langage qu’ils sont les seuls à connaître. Pire, ils maltraitent les animaux domestiques, préparant des sandwichs aux poissons rouges le jour de l’action de grâce et crucifiant le chat le jour de Noël. Souffriraient-ils d’un désordre psychologique comme le pense Clare ou seraient-ils possédés par le mal comme le craint David?

Cette opposition entre raison et foi procure à l’oeuvre une dimension supplémentaire. On y retrouve une analyse comparative de la science et la religion. Les deux approches partagent un point commun. Le père pasteur et la mère psychologue cherchent tous deux à aider leur progéniture sans pour autant croire aux méthodes de l’autre.

La forme du vidéo de famille amateur colle parfaitement à l’intimité de l’histoire présentée. Par contre, les quelques libertés prises avec le montage (avance rapide, reculons, répétition, etc.) viennent gâcher l’illusion de réalisme inhérente à ce type de narration. Dépouillée de cette impression d’authenticité, la production supporte mal le poids de l’analyse. Par exemple, comment se fait-il que les cruautés commises par les jeunes surviennent toujours autour des jours fériés? Combien de chats faut-il que des gamins sacrifient le jour de Noël pour que leurs parents recherchent de l’aide extérieure? Pourquoi ne pas visiter, de temps en temps, le campement secret de ses enfants que l’on sait capable des pires atrocités?

Outre ces incohérences, l’intrigue se développe de façon soignée et ingénieuse. Les éléments en apparence les plus triviaux (écoutez attentivement le conte de fée raconté à Jack et Emily) prennent de beaucoup d’importance plus tard dans le récit. Au fil des évènements, les parents se transforment de façon crédible. Le jeu naturel des excellents interprètes s’accorde parfaitement à la progression planifiée dans le scénario.

Bien pensé et bien exécuté, le premier film réalisé par Christopher Dunham s’avère une inquiétante réussite. Si vous désirez fonder une famille, évitez de regarder Home Movie.