Kuro-Obi

Un film de Shuchini Nagasaki, avex Akhito Yagi et Tatsuya Naka. Japon, 2007, 95 min.


Serait-ce possible? Un film d’arts martiaux qui se prend au sérieux, dénué d’acrobaties surnaturelles, de sauvetage d’éléphants ou de cocasseries à la Jackie Chan?

Et oui… Shuchini Nagasaki s’évertue à raconter une sobre histoire opposant deux karatékas ayant étudiés sous le même senseï. L’un obéit à la lettre aux préceptes de son maître et, lorsqu’impliqué dans un combat, se contente de contrer les coups de son adversaire. L’autre ne comprend pas la pertinence d’apprendre à se battre pour simplement parer les attaques. Il n’hésite pas à frapper le premier et n’a souvent besoin que d’un coup pour mettre l’autre K.O.

Après la mort de leur maître au début des années 30, ces deux frères d’armes prennent des directions opposées. L’actif mène la police militaire japonaise dans des raids contre les autres dojos tandis que le passif cherche à déjouer les machinations d’une bande de proxénètes. Les forces du destin les réuniront pour un ultime affrontement où le plus méritant héritera de la ceinture noire (Kuro-Obi) représentant l’approbation de leur senseï.

Sans artifice, les combats représentent la plus pure tradition du karaté. Les acteurs se tapent véritablement dessus, ce qui ajoute à la crédibilité des chorégraphies déjà réalistes. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Hors des scènes d’action, les interprètes principaux manquent d’aisance. Tatsuya Naka crie toutes ses répliques avec un visage impassible. Akhito Yagi se contente de parler le moins possible et faire des yeux de pitou piteux. Le pire d’entre tous les acteurs occupe le rôle du méchant général de la police militaire. Sa caricature de personnage ressemble à un clown piégé dans une pièce de Shakespeare.

Le réalisateur Shuchini Nagasaki agrémente son sobre récit de quelques fantaisies stylistiques. Par exemple, il tourne le duel ultime en noir et blanc pour exposer le contraste (et progressivement, l’absence de contraste) entre les deux rivaux. Il emploie avec moins de doigté de nombreux retours en arrière pour expliquer les motivations des protagonistes et s’appuie maladroitement sur un motif musical excessivement expressif durant les scènes plus dramatiques.

Malgré ces quelques faiblesses, Black Belt demeure l’un des films d’arts martiaux les plus intéressants des dernières années. Sa maturité le démarque des autres oeuvres du même genre.