Un film de Dave Herman, avec Adam Nee et Elina Lowensohn. États-Unis, 2008, 86 minutes.
Les théories de conspiration pullulent depuis l’effondrement du World Trade Center le 11 septembre 2001. Des documentaires amateurs comme Loose Change disponibles sur le web les popularisent. Ce n’était donc qu’une question de temps avant qu’une fiction se construise autour du sujet.
Des redevances devraient être versées à la succession de Dashiell Hammett tant les parallèles entre The Maltese Falcon et Able Danger sont frappants. Paul Kirk, le scénariste de ce modeste film indépendant, reprend intégralement des personnages et des scènes de la célèbre enquête de Sam Spade adaptée au grand écran il y a plus de 65 ans.

Comme pour le film de John Huston, le long métrage porte le nom de l’objet de convoitise. Able Danger est l’appellation d’une base de données provenant d’un programme de surveillance gouvernemental discontinué. Son contenu stocké sur un disque dur prouverait que les attentats du 11 septembre 2001 ont été planifiés par des agences secrètes américaines.
À la recherche de ce trésor, un journaliste naïf aux nerfs d’acier (Adam Nee, qui n’a rien d’un Humphrey Bogart). Ironiquement, il n’est pas assez dupe pour se faire tromper par le gouvernement mais il l’est suffisamment pour se laisser mener par le bout du nez par une femme fatale plutôt louche (Elina Lowensohn).

Visuellement, le film semble sortir tout droit d’une école de cinéma. Pour donner une impression de film noir, le long métrage a été tourné presque exclusivement en noir et blanc. Malheureusement, le directeur photo Charles Libin évite de jouer avec l’éclairage pour donner de l’ambiance à sa production. Il choisit plutôt d’introduire maladroitement des touches de couleur plutôt tape-à-l’oeil. Dans la même veine, les passages teintés de vert qui montrent des images captées par des caméras de surveillance tapent sur les nerfs en raison de leur fréquence et du bruitage désagréable qui les accompagne.
Enfin, les avocats des théories de conspiration scandent toujours qu’il vaut mieux penser par soi-même que d’avaler ce que les autres avancent. En citant George Orwell à la fin du générique (« In a time of universal deceit, telling the truth becomes a revolutionary act ») et en copiant le travail de John Huston et Dashiell Hammett, le jeune réalisateur Dave Herman manque à cet important précepte.