Un film de Atom Egoyan, avec Arsinée Khanijan, Devon Bostick, Noam Jenkins et Scott Speedman. Canada, 2007, 100 min.
Avant le début de la projection de son plus récent film au Festival du Nouveau Cinéma, Atom Egoyan prononça ces paroles prévenantes: « comme plusieurs de mes films, Adoration est un casse-tête. À vous de réunir les pièces selon vos pensées et vos émotions. Bonne chance. » Et Arsinée Khanijan d’ajouter: « bon courage ».
En effet, pour démêler le vrai du faux dans cette embrouillée histoire de famille il faut demeurer alerte. Devant les étudiants de la classe de français de Sabine (Arsinée Khanijan), Simon (Devon Bostick) soutient que son père arabe (Noam Jenkins) tenta de faire exploser un avion juif dans lequel voyageait sa mère chrétienne (Rachel Blanchard). Si c’était faux, pourquoi inventer pareille histoire? D’une manière ou d’une autre, les dires de Simon soulèvent les passions sur Internet et perturbent son oncle Tom (Scott Speedman) chargé de veiller sur lui.

Patient et méticuleux, Atom Egoyan éclaire lentement les divers éléments de son intrigue. Chaque nouvelle révélation permettent de mieux comprendre les obscures motivations des personnages. Bien que les motifs soient compréhensibles, les chemins tortueux empruntés par Simon et Sabine pour atteindre leurs objectifs défient toute vraisemblance. Par le fait même, il s’avère impossible de s’identifier à leur drame.
Si l’oeuvre sonne creux au niveau émotionnel, elle résonne de signifiance sociologique. Les réactions provoquées par la diffusion en ligne de l’histoire de Simon varient: une féministe se préoccupe du sort de la mère, un néo-nazi voit le père comme un héros alors qu’un survivant juif devient enragé. Egoyan soutient que les religions apparues il y a des centaines, voire des milliers d’années ne sont pas adaptées à la réalité d’aujourd’hui. Les respecter intégralement ne mènera qu’à des tragédies.
Faute d’émouvoir, Adoration attise la réflexion. Alors, n’en déplaise à Arsinée Khanijan et Atom Egoyan, ce n’est ni de courage, ni de chance dont vous aurez besoin pour apprécier ce film, mais d’amis avec lesquels discuter les idées défendues par le scénariste et réalisateur canadien.