Un film de Val Guest avec Edward Judd et Janet Munro. Royaume-Uni, 1961, 98 minutes.
En 1961, Val Guest présentait un film de science-fiction prophétique. Son sujet: le réchauffement de la planète et les catastrophes climatiques qui en découle. Nommée The Day the Earth Caught Fire, cette production étonnante s’appuie sur des personnages attachants et des dialogues cinglants pour faire contrepoids à son intrigue apocalyptique.
Peter Stenning (Edward Judd) n’est plus l’ombre de lui-même. Avant son divorce, il était un journaliste respecté et respectable. Maintenant, il boit davantage qu’il écrit. Entre deux verres, il fait la connaissance de Jeannie Craig (Janet Munro), une séduisante et solitaire fonctionnaire. Alors que la ville de Londres est victime successivement d’une canicule, d’une brume mystérieuse, d’un typhon et d’une terrible sécheresse, les deux âmes perdues se trouvent des atomes crochus. Grâce à un tuyau de sa nouvelle flamme, Peter parvient à publier un scoop cauchemardesque: les changements climatiques qui affectent la Terre entière sont dus aux récents exercices nucléaires américains et soviétiques. Les bombes H qu’ils firent exploser simultanément, chacun de leur côté, dévièrent l’orbite de la Terre. À moins d’un miracle, les jours de l’humanité sont comptés… Face à la fin du monde, le flegme britannique est mis à rude épreuve.

Mieux vaut en rire qu’en pleurer semble se dire le protagoniste. Ainsi, il multiplie les remarques cyniques telle que « Je suis un dur. Un dur amoché. » et fait contre mauvaise fortune, plus ou moins bon gré. Ses collègues de travail ont aussi le verbe facile: « Tu rencontreras quelqu’un d’autre. Londres est remplis de quelqu’un d’autre… ». Le rythme des dialogues et le milieu de travail journalistique rappelle l’excellent His Girl Friday de Howard Hawkes. Quant à l’histoire d’amour, elle se développe rapidement sans sembler forcée. Après tout, l’apocalypse c’est comme Noël ou la St-Valentin, c’est déprimant de vivre ça seul…
La qualité passable des trucages ne cause pas préjudice à l’oeuvre. Les miniatures et peintures illustrant les dégâts des cataclysmes impressionnent par leurs détails, mais demeurent invraisemblables. Quant au brouillard qui envahit la ville, on dirait de la fumée de cigarette soufflée sur une maquette. Qu’importe, ces passages ne se veulent pas spectaculaires. Ils ne sont pas, comme dans The Day After Tomorrow, la raison d’être du film.
L’histoire imaginée par Val Guest cherche plutôt à exposer lucidement une crainte fort légitime, soit celle d’assister, impuissant, à la destruction de l’environnement. Les principaux personnages du film ne sont pas des militaires ou des scientifiques. Ils ne cautionnent pas des tests nucléaires qui déstabiliseraient la place de la planète dans l’univers. Malgré tout, ils doivent en subir les funestes conséquences. Cette horrifique situation correspond à celle qui prévaut aujourd’hui. Si la planète continue à se réchauffer, l’augmentation du niveau de la mer inondera les terres du plus vert des écologistes comme du plus insouciant des pollueurs. On est tous dans le même bateau et on ne peut pas toujours faire confiance au capitaine.
« La race humaine s’empoisonne depuis des années avec un grand sourire sur son gros visage. » lance un journaliste dépité à son rédacteur en chef. Près de 50 ans plus tard, l’intoxication continue. Qu’attendons-nous pour écouter l’avertissement servi par Val Guest?