Un film de Cirio H. Santiago, avec Jeannie Bell, Stan Shaw et Pam Anderson. États-Unis et Philippines, 1974, 72 minutes.
T.N.T. Jackson correspond à mon type préféré de mauvais film. Certains éléments du film se démarquent par leur qualité pendant que d’autres étonnent par l’ampleur de leur médiocrité. En d’autres termes, si T.N.T. Jackson était une joueuse de tennis, elle rendrait son entraîneur complètement fou en multipliant les as et les double fautes.
La jeune et sexy T.N.T. Jackson attérit à Hong-Kong pour retrouver l’assassin de son frère et lui péter la gueule. Pour ce faire, elle doit se rendre dans un quartier si dangereux que le chauffeur de taxi qui l’embarque à l’aéroport ne se risque même pas à s’y aventurer. Dès son arrivée, T.N.T. Jackson est rapidement agressée par des canailles.

Cette attaque gratuite donne la chance à l’actrice principale (et par actrice je veux dire l’ex-playmate) Jeannie Bell de montrer ses talents de pugiliste. Ne vous laissez pas impressionner par les cascadeurs qui se lancent dans les fragiles éléments de décor, Jeannie Bell ne possède aucun talent pour cette partie du métier de protagoniste de film d’action. Elle ne peut donner de coups de pied plus haut que son genou et sa manière de bouger les bras rappellent davantage les mouvements d’un enfant qui apprend à nager que les gestes d’une ceinture noire de karaté. Ainsi, à chaque fois que, grâce à la magie du montage, on coupe de Bell à sa doublure, on ne peut qu’être choqué par l’écart entre les aptitudes des deux interprétations du personnage.
Toutefois, lorsque vient le temps de tourner des scènes de boudoir, le réalisateur Cirio H. Santiago, un poulain de l’écurie de Roger Corman, n’a pas eu besoin d’avoir recours à une doublure. Bell n’a aucun complexe à montrer les attributs qui l’ont menée dans les pages de la revue Playboy. Santiago comprend l’importance de ces scènes et en profite pour en faire des moments clés de l’intrigue. À la première occasion, il construit une scène de bataille absurde en monokini. Bell confronte alors une demi-douzaine des pires brigands de Hong-Kong et parvient à les contrer, seins nus, en fermant la lumière et surgissant de la noirceur.

À la seconde, Santiago transforme une séquence de séduction en une séquence de découverte. Charlie, un ambitieux malfrat en voie de devenir le plus important caïd du quartier s’éprend de T.N.T. Jackson et parvient à gagner son lit. Or, le malheureux allume une cigarette post-coït avec ce qui fut le briquet du défunt frère de l’héroïne. Oups. Toujours est-il que Stan Shaw interprète ce personnage avec une assurance surprenante, considérant qu’il s’agit de son premier rôle au grand écran. Menaçant, confiant, cool et agile (ceinture noire en karate et judo), il campe un méchant convaincant. Sa face vous dira quelque chose… Il a joué l’un des pirates de Cutthroat Island et l’un des boxeurs de Snake Eyes.

La face de Pam Anderson aussi vous dira quelque chose. Mais c’est plutôt parce qu’elle ressemble à Anne-Marie Whitenshaw. Elle joue adéquatement la femme fatale qui aide ou nuit, ça dépend des scènes, à l’enquête de l’héroïne. D’autres acteurs s’illustrent dans des rôles de soutien, notamment les philippins Chiquito et Max Alvarado qui interprètent, respectivement, un sympathique propriétaire de club et un antipathique trafiquant de drogue. Ces deux acteurs cumulaient à l’époque plus de 50 ans de métier. Leur expertise et expérience a permis d’insuffler à cette douteuse production un air de crédibilité.
Vaut-il la peine de voir ce film, autrement que pour sa valeur historique? Certainement, mais pas aux dépens d’autre oeuvres moins inégales du genre, tel Shaft ou Coffy.