Persona non Grata

Un documentaire de Oliver Stone, 2003, 67 min.


Ces derniers temps, les grands réalisateurs américains s’adonnent à des projets plus personnels entre deux films hollywoodiens. Ainsi, entre Ocean 11 et Ocean 12, Soderberg nous proposait Full Frontal. Entre School of Rock et Bad News Bears, Linklater filmait A Scanner Darkly. Oliver Stone pratique la même démarche. Entre Any Given Someday et Alexander, Stone tournait deux documentaires politiques: Commandante, un film sur Fidel Castro et Persona Non Grata, un film sur Yasser Arafat.

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Les absents ont toujours tord. L’interview recherchée par Stone et promise par les autorités palestiniennes ne s’étant jamais concrétisée, le réalisateur a dû se tourner vers d’autres intervenants pour dresser le portrait de la situation de la plus dangereuse du monde (en 2002). Que ce soit un représentant du Hamas ou des ministres Israéliens, l’image du récipiendaire du prix Nobel de la paix en prend pour son rhume.

Comme documentariste, Stone se débrouille pas mal du tout. Il préconise une approche hautement stylisée et énergiquement rythmée, bref très «  punchée  » du médium. Les puriste, teneurs du cinéma direct ou vérité détesteront. Son utilisation des caméras numériques, sa sensibilité artistique et la façon dont il apparaît dans son propre film rappelle Solonas, mais en plus hyperactif et moins affecté par le conflit.

Aucunement gêné de se mettre lui-même en scène, Stone se promène à Jérusalem et Tel-Aviv, il rencontre les ministres Israéliens et les soldats des brigades des martyrs du Jihad. Même confronté à trois combattants de la liberté (ou terroristes, c’est selon) portant armes et cagoules, Stone conserve son sang froid et son insolence, les défiant presque de tuer le président d’Israël.

Le constat qu’il présente est désolant: ni l’un ni l’autre des deux groupes ne sont prêts à faire les sacrifices nécessaires pour assurer la paix, même s’ils en savent le prix. Les raisons qui justifient cet impasse ont davantage à voir avec l’éducation de l’histoire de ces deux peuples, qu’avec leurs perspectives d’avenir.
Malheureusement, quatre ans plus tard, le film est toujours d’actualité.