Le guide de la petite vengeance

Un film de Jean-François Pouliot avec Marc Bellan, Michel Muller, Gabriel Gascon et Pascale Bussières, Canada, 2006, 1h44


Après le succès de La grande Séduction, la barre s’élevait bien haute pour le tandem scénariste et réalisateur formé de Ken Scott et Jean-François Pouliot. Peut-être pour contourner les attentes du public, les deux créateurs s’affairèrent à une comédie noire. L’intrigue va comme suit: Robert (Michel Muller), un drôle de type, fait prendre conscience à Bernard (Marc Béland), un comptable déprimé, que la source de ses malheurs possède une forme humaine: M. Vendôme (Gabriel Gascon) le propriétaire de la bijouterie pour laquelle il travaille. Pour se venger de l’influence néfaste du machiavélique patron, Bernard et Robert décident de cambrioler la bijouterie.

guide1.jpgMalheureusement, Le guide de la petite Vengeance ne séduit tout simplement pas. Le pourquoi s’explique facilement: le film manque de mordant. Bernard, le héros, se montre trop gentil en général et les motifs de sa vengeance se justifient trop facilement. Bref, comme héros d’une comédie noire, il ne s’impose pas comme suffisamment amoral. En même temps, l’ambiance trop sombre et la haine qui habite les deux personnages principaux font ombrage aux bons sentiments véhiculés par le film, ce qui mine ses chances de réussir en tant que charmante comédie. De plus, vers la fin, l’intrigue prend un tournant plus dramatique. On bascule de la comédie au suspense avec un petit peu de maladresse.

Pourtant, Le guide de la petite vengeance regorge de qualités. La musique de Benoît Charest ne déçoit pas. Le compositeur des Triplettes de Belleville nous offre des mélodies qui collent au film comme un maillot de bain au corps de Scarlett Johansson. En revanche, certaines pièces choisies, comme What the World Needs Now is Love agacent tant elles s’avèrent clichés. La précision des éclairages impressionne grandement. Le film se déroule en grande partie la nuit ou dans des endroits obscurs ce qui permet d’intéressants jeux d’ombres et de lumières. L’excellent montage nous garde en haleine, même si les rires sont peu nombreux. Le début est particulièrement réussi. En jonglant avec la temporalité, les artisans du film parviennent à résumer la mise-en-situation et lancer le récit avec dynamisme.guide2.jpg

Quant aux membres de la distribution, ils n’y sont pour rien dans la déception suscitée par le long métrage. Chacun campe son rôle avec aplomb. Peut-être peut-on reprocher à Marc Béland son ton un peu plaintif, à Michel Muller d’avoir l’air plus drôle qu’il ne l’est vraiment ou à Gabriel Gascon la théâtralité de sa performance mais ces légers défauts auraient été vite pardonnés si l’ensemble avait su divertir davantage.

Moins inspiré que le précédent effort du tandem Scott/Pouliot, Le guide de la petite Vengeance manque d’un élément primordial à toutes comédies: l’humour.