Un film de Aleksi Sidorov, avec Denis Nikorov et Yelena Panova, Russie, 2005, 132 min.
Le cinéma russe compte de nombreux maîtres : Eisenstein, Tarkovski et plus récemment Sokurov ont tous su utiliser le médium filmique différemment, d’une manière qui leur était propre. Ils découvrirent du même coup de nouvelles vertus au septième art.
Aleksi Sidorov, souvenez-vous bien de ce nom, est tout le contraire de ses grands prédécesseurs. Il imite le mieux possible l’esthétique des films d’action américain. Pire encore, son style n’approche pas l’extravagance d’un Michael Bay (The Rock, Armagedon), ni même l’excentricité d’un Tony Scott (Man on Fire, Crimson Tide). Non, il s’apparente davantage à celui de Simon West (Con Air), c’est-à-dire qu’il est plus artisan, plus peinture à numéro.
Quant à l’intrigue de Shadow Boxing, résumons la ainsi : lorsque Artem, l’aspirant #1, perd la vue lors d’un combat de championnat, son promoteur l’abandonne. Afin de recouvrer l’usage de ses yeux, Artem a trois jours pour rassembler les 30 000$ nécessaires pour une opération. Artem et sa jolie ophtalmologue s’entendent sur un point, ils ne pourront trouver cet argent légalement.
Résumée ainsi, l’intrigue semble cohérente. La vérité diffère de cette impression. Les personnages prennent des décisions insensées, voire complètement illogiques. Pour quelle raison le promoteur trahit-il son poulain? Parce que la vie est injuste, explique-t-il. Comment se fait-il qu’un combat de championnat du monde ne rapporte pas au moins 30 000$ à l’aspirant? Aucune idée.
Le film nous divertit, malgré tout, à l’occasion. Deux séquences méritent d’être vues, soit le combat de boxe du premier acte et un vol de banque commis par un aveugle lors du deuxième acte (cette séquence mime la brutalité des scènes d’action de The Bourne Identity). Nonobstant ces deux excellents passages, Shadow Boxing n’est guère mieux qu’un mauvais film de série B américain. La seule différence réside dans la langue parlée par les acteurs.