Un film de Sion Sono avec Chiaki Kuriyama, Megumi Sato et Eri Machumoto, Japon, 2007, 208 min.

Je vais commencer par un calembour de bas étage avant d’enchaîner avec une critique plus sérieuse d’un film qui, assurément, ne l’est pas: le récit de Exte, le plus récent film de Sion Sono, est TIRÉ PAR LES CHEVEUX. Exte est, ni plus ni moins, qu’une version «  hard  » de Opération beurre de pinottes.

Comment décrire autrement l’histoire d’un thanataulogue dérangé qui adopte (vole) et soigne le cadavre d’une personne froidement assassinée qui exprime sa colère d’outre tombe à travers une pilosité excessive? Les cheveux qui poussent de partout sur son corps mort (même sur sa langue!) sont récupérés par l’inquiétant croque-mort avant d’être revendus à des salons de coiffure sous la forme d’extensions capillaires. Pire, ces cheveux possédés se vengent sur les nouvelles têtes qui les accueillent.

Plus surprenant encore, au coeur de cette ridicule et hilarante prémisse se cache un drame troublant et touchant. Yuko (Chiaki Kuriyama, l’étudiante qui lance une boule piquante dans Kill Bill), une studieuse apprentie styliste, recueille et protège sa nièce maltraitée par sa mère. Le conflit opposant les deux soeurs et le lien qui se tisse entre la nièce et la tante suffiraient à remplir la trame d’un drame plus conventionnel. Ici, il agit comme contre-poids et antithèse à une intrigue, répétons-le en coeur, TIRÉE PAR LES CHEVEUX.

Qu’un équilibre s’établisse entre ces deux pôles tient du génie. Mais Sion Sono ne se contente pas de marcher sur un fil de fer, il entreprend aussi de jongler avec les motifs du cinéma d’horreur japonais tels que les fantômes féminins aux cheveux longs, la maternité ou les détectives qui ont des pressentiments.

En tant que scénariste, Sion Sono se lance une balle courbe. Comme réalisateur, il catapulte l’offrande de l’autre côté de la clôture.