In the Name of the King: A Dungeon Siege’s Tale

Un film (du genre) fantastique de Uwe Boll, avec Jason Statham, Claire Forlani, Mathew Lillard et Burt fuckin’ Reynolds. États-Unis, Canada, Allemagne, 2007, 150 minutes.


Uwe Boll est considéré, de par le monde du septième art, comme le fils spirituel du légendaire incompétent Ed Wood. Toutefois, avec In the Name of the King: A Dungeon Siege’s Tale, Boll démontre trop de professionnalisme pour se mériter ce titre si peu convoité. Malheureusement, l’absence d’incompétence ne suffit pas à garantir la réalisation d’un film intéressant voire divertissant.

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Après des (minables) adaptations cinématographiques des jeux vidéo House of the Dead, Alone in the Dark et Bloodrayne, Boll jette son dévolue sur Dungeon Siege. Faute d’inspiration pour aborder le sujet d’un angle original, le cinéaste (!) allemand copie le mieux possible Le seigneur des anneaux. Le bon est un fermier promis, à son insu, à un noble destin. Le méchant est un magicien dictateur qui mène des humanoïdes musclés et stupides depuis son château entouré de lave. Boll imite même les prises de vue aériennes d’aventuriers qui marchent en file indienne dans les montagnes de The Fellowship of the Rings. Ça frise le plagiat.

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La plupart des problèmes du film réside davantage dans le scénario déficient que dans la mise-en-scène manquant d’inspiration. La mince intrigue ne développe que des personnages clichés et les place dans des situations dramatiques convenues: un fermier (Jason Statham, un peu hors de son élément dans un film de cape et d’épée) jure de venger la mort de son fils, une adolescente rebelle (Leelee Sobieski, plus belle que rebelle) se lance dans les bras du rival de son père (John Rhys-Davies qui s’ennuie de Peter Jackson), un vil magicien (Ray Liotta qui verse dans l’excès) veut s’accaparer du pouvoir, un homme (Ron Perlman, qui mérite mieux que ce film) veut prouver sa valeur malgré son âge avancé, etc. Pire encore, les répliques imposées aux interprètes paraissent puisées d’un téléroman savon tel Le coeur a ses raisons. Imaginez Burt Reynolds dans le rôle du noble roi (déjà vous souriez, n’est-ce pas?) qui dit solennellement: «  La sagesse est notre marteau, la prudence notre clou, nous construisons des vies  » ou Ray Liotta, dont l’expérience de «  Method Acting  » n’est d’aucune utilité quand vient le temps de scander: «  Je suis au-delà du bien et du mal, au-delà de la pitié, je veux changer la structure de ce monde  » ou «  Dans mon royaume, il n’existera aucun terme pour définir la folie, on l’appellera simplement la puissance  ». Heureusement, Jason Statham ne parle pas beaucoup. À part un maladroit monologue après la mort d’un proche parent, il se contente de s’exprimer à travers ses actions. Par exemple, il parvient à décapiter un Krog (synonyme d’orc) les mains liées dans le dos et le cou pendu à un arbre. Les scènes de combat, imaginées et bien souvent tournées par Siu-Tung Ching (Hero), génèrent un peu d’énergie dans ce trop fade et trop long métrage.

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L’autre lueur perçant l’obscurité provient de la qualité irréprochable des effets spéciaux. De magnifiques ou ténébreux châteaux créés de tous pixels accueillent les rois, bon ou méchant. D’autres trucages, comme ceux de téléportations donnent crédibilité aux magiciens de l’histoire. Mais Boll n’arrive pas à insuffler un souffle épique à son conte de Dungeon Siege. Aucune créature hors du commun n’habite son monde fantastique et les armées comptent à peine des dizaines de soldats. D’ailleurs, pour cacher la petitesse des bataillons, le premier affrontement entre les forces du bien et du mal se déroule dans une forêt dense et le second, la nuit, sous la pluie.

Avec ce film ennuyeux et sans saveur, Uwe Boll rejoint les rangs des ciné-artisans d’Hollywood à la Brett Ratner, Simon West et Jon Turteltub. Pour lui cependant, il s’agit d’un pas dans la bonne direction.