Film d’animation déjanté d’un gars qui se surnomme M. dot. Strange, États-Unis, 94 min.
Film d’animation déjanté scénarisé, produit et réalisé par un gars étrange qui se surnomme M. dot. Strange, We Are the Strange raconte les destins emmêlés d’une poupée perdue dans une forêt, d’un fugitif héroïque, d’une puissante feuille de papier et d’une danseuse confrontée à un terrifiant monde virtuel.
Regardez l’étonnante bande annonce pour vous donner un aperçu de cette expérience unique:
La trame sonore expressive, constituée de rythmes, mélodies et instrumentations qui rappelle les jeux vidéo NES dicte, scène après scène, le ton d’une oeuvre basculant de l’angoisse, à la terreur, au déchaînement et à la folie. Vous seriez à même de comprendre les émotions des personnages en gardant les yeux fermés.

Mais vous manqueriez des images spectaculaires. Évidemment, animer, que ce soit une feuille de papier, une poupée ou une création numérique, comme le démentiel M. dot. Strange s’est lancé le défi, demande beaucoup (trop) de temps et d’énergie pour un seul homme. Nul surprise dans ce cas que le réalisateur emprunte quelques raccourcis. Les gestes des personnages ne possèdent aucunement la grâce des créations de Disney. Blue, la danseuse dépressive, répète les même mouvements en boucle. Rain (le héros fugitif) se déplace souvent de façon aléatoire sans bouger les bras ou les jambes. Lorsqu’il passe à l’attaque, un montage presque totalement abstrait révèle l’issu du combat.

Même si dans chacun des plans on ne retrouve que peu de mouvement résultant d’une véritable travail d’animation et que ceux-ci sont bien souvent montés selon un rythme à la fois effréné et confus, ils demeurent d’une beauté plastique exceptionnelle. Chaque photogramme pourrait être laminé et affiché fièrement sur les murs d’une galerie d’art contemporain. La richesse des décors expressionnistes, jumelé au design exceptionnel des créatures et au mélange réussi des techniques d’animation 3D « old school » (animation de figurines) et « new school » (images de synthèses) composent cette indéniable qualité esthétique.

Vos sens bombardés, vous ne pourrez prendre refuge derrière la faible et mince intrigue. Elle tient en trois lignes: un rebelle tente de libérer son monde de jeu vidéo d’un tyran, un gamin part en quête d’un cornet de crème glacée, une danseuse bannie cherche à s’accepter telle qu’elle est. Purement fonctionnel, le récit ne cherche qu’à placer les personnages aux commandes de robots géants, les confronter à des monstres ou les isoler dans des lieux cauchemardesques.

Produit d’un esprit bien de son temps, nourri de sucreries, de cassettes Nintendo, d’animation japonaise et de Star Wars, We Are the Strange s’impose d’emblée comme une oeuvre majeure du courant DIY (Do It Yourself – Fais-le toi-même). Quand vos oreilles transmettront à votre cerveau une musique électronique entraînante et que vos yeux lui communiqueront un défilement hypnotique d’images extraordinaires, vous négligerez de considérer l’incohérence et l’impertinence de ce conte post-moderne.