Shoot’em Up (Feu à volonté)

Un film de Michael Davis avec Clive Owen, Monica Belluci et Paul Giametti, États-Unis, 2007, 98 minutes.


Comme du chlore dans du lait, le mélange d’humour noir et de violence gratuite concocté par Michael Davis pour Shoot’em Up plaira au petit garçon hyperactif qui sommeille en vous.

Une scène mémorable lance le film. Poursuivie par un malfrat qui veut lui faire la peau, une femme enceinte d’un McGuffin croise un clodo (Clive Owen). Se refusant à laisser la future maman sans assistance, le pauvre type parvient à accoucher le poupon tout en jouant du flingue pour contrer un brillant psychopathe (Paul Giametti) et sa bande de tueurs déterminés à éliminer l’enfant. Dans un moment de génie qui déterminera si vous aimerez ou non, la suite des choses, le héros sectionne le cordon ombilical d’un coup de fusil. S’ensuit une chasse à l’homme (et au bébé) durant laquelle Clive Owen devra protéger le nouveau né, percer le secret dangereux de son origine et lui trouver une nourrice.

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Dans ce violent monde de Looney Tunes, tout est permis sauf s’ennuyer. L’intrigue ne fait que peu de sens. Dire que certains rebondissements sont tirés par les cheveux ne leur rend pas justice, ils sont tirés par les poils du cul. Quant aux personnages, ils ne bénéficient d’aucune profondeur. Michael Davis a visiblement investi plus de temps dans l’élaboration de leur look que dans le développement de leur personnalité. Certains diront du méchant qui compense sa petitesse par un gros fusil, du héros sans nom qui cache derrière son cynisme sa sensibilité et de la pute au grand coeur qu’ils représentent des clichés du genre. D’autres diront qu’ils constituent des figures mythiques. Quoi qu’il en soit, Clive Owen et Monica Belluci, deux des stars les plus éblouissantes du 7ème art, forment un couple plus que séduisant au grand écran.

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Puisant à grosses chaudières dans l’iconographie du héros de film d’action à la Chow Yun Fat (Hard-Boiled), tout en délaissant les ralentis et les colombes qui caractérisent l’esthétique de John Woo, Michael Davis construit des fusillades spectaculaires aux chorégraphies précises qui ridiculisent ce que le commun des mortels appelle les lois de la physique. Excitante, rapide, acrobatique, cinétique qualifieraient adéquatement les nombreuses séquences d’action qui propulsent le film. Les courtes scènes d’exposition qui les relient entre elles ne servent uniquement à confronter Paul Giametti et son armée de mercenaires à Clive Owen dans des environnements différents.

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Pour vous faire avaler les violentes escarmouches, Davis badigeonne le tout d’une épaisse couche d’humour noir. Le héros n’a rien à envier aux Sylvester Stallone et Bruce Willis. L’esprit aussi vif que la gâchette, il débite de nombreuses répliques assassines. À sa première victime, tuée à coups de carotte, il lance: «  Mange tes légumes  ». Paul Giametti a lui aussi toujours le mot pour rire. Après avoir reçu un appel de sa femme qui le croit en voyage d’affaire, il pose la devinette suivante: «  En quoi un fusil est meilleur qu’une femme? On peut lui mettre un silencieux  ».

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Shoot’em Up ne dévie pas de sa course pour accrocher des concepts tel le réalisme, la psychologie des personnages ou le bon goût et atteint de plein fouet son objectif: vous divertir. À déconseiller aux malheureux qui détestent les films violents, sanglants et irréalistes.