Daisy Diamond

Un film de Simon Staho, avec Naomi Rapace, 2007, Danemark, 94 min.


Daisy Diamond n’est pas le genre de film que l’on doit présenter dans une salle pleine d’objets coupants; on retrouverait de nombreuses artères tranchées.

Cette oeuvre abrasive raconte l’épouvantable déchéance d’une pauvre mère mono-parentale cherchant à devenir actrice. Même si, pour chacune de ses auditions, elle joue des scènes collant à ses propres expériences, jamais elle ne décroche les rôles convoités. Elle impute ses ratées à Daisy, sa pouponne geignarde, qui pleure invariablement au mauvais moment.

Daisy Diamond n’a rien à voir avec The Poursuit of Happiness. La protagoniste ne cherche pas à se prendre en mains pour s’extirper de son marasme. Elle essaie plutôt d’employer des raccourcis qui la mènent implacablement vers un cul-de-sac déprimant. Le cinéaste danois Simon Staho s’affaire à créer une oeuvre désagréable et y parvient merveilleusement bien. Dès les agressants et incessants pleurs du bébé qui résonnent bruyamment dans les 5.1 canaux du système de son et ce jusqu’aux scènes de viol, vous serez mis à rude épreuve.

Staho construit aussi des surprenantes séquences ambiguës jouant sur les différents niveaux de sens contenus dans le récit, l’actrice interprétant, en guise d’audition, certaines scènes correspondant à son vécu. Naomi Rapace, dans le premier rôle, se livre dans toute sa vulnérabilité, qu’elle soit filmée nue ou en très gros plan. Courageuse et douée, elle rend avec autant de vraisemblance les violents épisodes de colère, de frustration, de tendresse et de désespoir de son tragique personnage.

Cet autre exemple d’un cinéma danois en santé (Adam’s Apple, After the Wedding) plaira aux amateurs d’émotions fortes et aux ennemis de la recette hollywoodienne. Déstabilisant comme un tremblement de terre de 7,2 sur l’échelle de Richter.