Juno, un film de Jason Reitman avec Ellen Page, Jennifer Gardner, Jason Bateman et Michael Cera, États-Unis, 2007, 91 minutes.
Juno garde de sa première relation sexuelle un souvenir impérissable : une grossesse. Incapable d’envisager d’élever elle-même le poupon et réticente à l’idée d’avorter, elle entreprend de trouver un couple de parents idéal pour son futur nouveau-né. La photo d’une petite annonce parue dans le journal communautaire attire son attention : un couple de banlieusards bien nantis recherche un enfant à adopter. Il est cool, elle est sérieuse, ils semblent représenter les candidats parfaits. Mais même une gamine de 16 ans sait que la perfection n’est pas de ce monde.
Cette comédie dramatique compte sur un scénario tout simplement magistral de Diablo Cody. Il s’agit là de son premier texte porté au grand écran et espérons qu’il ne s’agira pas de son dernier. Sa verve, parfois trop littéraire, ne manque jamais de mordant. Les interlocuteurs empilent les répliques savoureuses telles : « vous auriez dû vous rendre en Chine… J’ai entendu dire qu’ils donnaient des bébés comme des Ipods gratuits là-bas ».
Son sens de la répartie donne vie à ses personnages colorés, à commencer par la protagoniste. Interprétée par Ellen Page qui reprend le rôle d’adolescente pleine d’attitude qu’elle a perfectionné dans Hard Candy et The Tracy Fragments, Juno affronte les difficultés liées à sa grossesse avec détachement et dérision. Dans des rôles de soutien, Michael Cera et Jason Bateman (tous deux de Arrested Developement) apportent naturellement l’humour et le charisme qui les définit.
En plus d’avoir bien sélectionné ses comédiens, le réalisateur Jason « Thank You for Smoking » Reitman (fils de Ivan « Ghostbusters » Reitman) choisit judicieusement les costumes et signatures musicales qiu caractérisent ses personnages. D’ailleurs, les simplettes chansons de Kimya Dawson mettent en valeur la naïveté et l’innocence, bref la pureté, de Juno. Aussi, avec l’aide de la monteuse Dana E. Glauberman, Reitman impose au film une cadence légère, soutenue et agréable.
Complément parfait à l’appréciable Knocked Up, cet autre long métrage sur une grossesse non désirée s’avère délicieux comme deux mètres de réglisse rouge. Suite à ces deux productions, les difficultés de l’enfantement n’auront jamais semblé aussi amusante.