Ces derniers temps, les films de François Ozon s’avérèrent décevants. La piscine, malgré le corps dénudé de Ludivine Sagnier, endormait par son drame ennuyant et son suspense sans tension. Quant à 5*2, le renommer 2/5 se justifie, puisque seulement deux de ses cinq histoires sonnaient juste. Qu’est-ce que nous réserve Le temps qui reste, cette histoire d’un jeune homosexuel confronté à sa mort prochaine?
Le drame, que dis-je, le mélodrame Le temps qui reste (une fois les bandes annonces terminées, environ 85 minutes) impressionne par son efficacité. Le film coule comme du bon vin. Ozon maîtrise son médium sans effort. Aucun plan ne semble superflu, aucun mouvement de caméra inutile, aucune longueur dans le montage, aucune note de musique indésirable. Un parcours techniquement sans faute.
Quant à l’intrigue, elle émeut à souhait. S’il fallait décrire, au début du film, le personnage dont Le temps qui reste est le sien en deux mots et une lettre, trou de q serait adéquat. Par contre, contrairement au pauvre connard de 5*2, les spectateurs sympathisent, par pitié, avec Romain puisqu’il va mourir bientôt. Toutefois, Romain ne supporte pas la pitié de ses proches. Il décide de se détacher d’eux et de vivre ses derniers jours seuls, sans révéler le secret de sa condition à personne sauf Jeanne (la voix d’outre-tombe) Moreau, qui interprète sa grand-mère. Alors que sa mort se rapproche et que ses remords et regrets s’accumulent, Romain pose des gestes touchants qui lui fait mériter, au début du générique, la sympathie du public sans les béquilles de la pitié (Les béquilles de la pitié… quel excellent titre de film!).
Mentionnons aussi les performances inspirées de tous les acteurs, en commençant par Melvil Poupaud dans le rôle principal. Il joue la vulnérabilité et le mélancolie de son personnage avec justesse. Puisque le travail d’un critique est de chialer, au moins un petit peu, je dois insister sur le fait que la voix vacillante et aigu de Valeria Bruni Tadeshi, qui tient solidement malgré tout un bref rôle de soutien, m’irritera toujours trop pour apprécier son travail à sa juste mesure. Quelle excellente actrice aurait-elle pu être, à l’époque du cinéma muet…
Le temps qui reste n’est pas un film de Queen Latifah ou Angelina Jolie où le personnage principal apprend sa mort prochaine, profite de ses derniers jours à fond, réalise qu’il ne mourra pas de si tôt et apprend, à travers cette expérience, à quel point la vie est précieuse. Et, savez-vous quoi? C’est beaucoup mieux comme ça.