Un film de Bryan Bertino, avec Liv Tyler et Scott Speedman. États-Unis, 2008, 90 minutes.
Sorte de Funny Games sans message sous-jacent, la mince et prévisible intrigue agencée par le nouveau cinéaste Bryan Bertino suit Kristen (Liv Tyler) et James (Scott Speedman), un coupe qui traverse des difficultés. James veut épouser Kristen mais cette dernière ne semble pas prête à un tel engagement. Ces problèmes relationnels deviennent rapidement secondaires lorsque trois psychopathes masqués assiègent la maison de campagne dans laquelle séjournent les deux tourtereaux avec du plomb dans l’aile.

La principale qualité de The Strangers réside dans sa durée. Le calvaire ne s’étire que sur 90 minutes. Le réalisateur arrive à construire des ambiances angoissantes grâce à une bande son exploitant à merveille les 5.1 haut-parleurs à sa disposition et une direction photo nerveuse qui laisse les intrus se cacher derrière les protagonistes. Mais c’est à peu près tout ce qu’il y a de bon à dire sur cette production.
Les étrangers masqués se révèlent être les antagonistes de film d’horreur les moins menaçants depuis les Ghoulies. Les deux filles sont si frêles qu’on les imagine incapables de soulever une hache, encore moins aptes à asséner un coup mortel. Le jeune homme a l’air à peine plus dangereux. Il possède davantage la carrure d’un marathonien que d’un culturiste. Sa manière de pencher la tête comme un chiot lorsqu’il espionne ses proies et sa respiration d’asthmatique le rendent aussi menaçant que l’épouvantail du Magicien d’Oz.
En plus de ne pas être menaçants, les méchants sont stupides. Ils commencent leurs tactiques d’intimidation avant de couper l’électricité et le téléphone. À côté de ces rigolos, Michael Myers passe pour un génie. Heureusement pour eux, leurs cibles manquent encore plus d’intelligence. Ils se séparent inutilement, se cachent plutôt que se battre, se terrent plutôt que s’échapper, laissent trainer leur téléphone portable, etc… La sottise des personnages gâche le jeu naturel de Liv Tyler et Scott Speedman.

En plus d’être stupides, les méchants manquent de motivation. Ils n’attaquent jamais, se contentant de faire des coucous une fois de temps en temps. S’ils ne veulent pas d’argent, n’entretiennent pas de hargne et ne s’amusent pas à jouer les sadiques, quel est leur but? Parallèlement, quel est le but du réalisateur? Comme dans bien des matchs de soccer: il n’y en a aucun.
Avec The Strangers, son premier film, Bryan Bertino fait figure de vieil oncle édenté. Il manque de mordant et ses vieilles histoires, on les a mille fois entendues.